Paul Verlaine |
Un an après Amour, Verlaine publie, chez Léon Vanier, Parallèlement, qui paraît le 20 juin 1889. Le projet remonte au mois d'octobre 1885. Aux livres d'inspiration chrétienne. Amour et Bonheur, Verlaine a l'intention de joindre un volume de vers qui chantent l'amour charnel. Mystique et erotisme chemineront ainsi de conserve. Le titre apparaît pour la première fois dans une lettre à son éditeur du 6 février 1886. A la fin de l'année, Verlaine estime avoir quasiment achevé son livre, qu'en fait il ne termine qu'en mai 1887. Au mois d'août, il écrit à Charles Morice : « Parallèlement est le déversoir, le dépotoir de tous les "mauvais" sentiments que je suis susceptible d'exprimer. » Il rédige la préface en octobre ; le livre ne paraîtra que deux ans plus tard et Verlaine y aura ajouté de nouveaux poèmes. Une seconde édition paraît en 1894 avec deux poèmes supplémentaires (« Sur une statue de Ganymède » et « Prologue supprimé à un livre d'invectives »). Veriaine a regroupé dans Parallèlement, comme il le fit dans Jadis et Naguère, des poèmes écrits à des moments très différents et qui ne relèvent pas de la même inspiration. Plusieurs voix s'y font donc entendre. Il avait déjà publié « Les Amies » en 1867, année où il écrivit « Allégorie ». C'est l'époque où il songe aux Vaincus et s'oriente vers une esthétique réaliste. Ces poèmes d'amour saphique, vignettes sans prétention où l'on sent l'influence baudelairienne, mêlent l'innocence et la perversité sans témoigner d'une véritable originalité. De la période de la prison date la section intitulée « Révérence parler » et « Lunes I ». Ces poèmes se trouvaient dans Cellulairement. Verlaine y peint de manière impressionniste la vie du prisonnier : sensations éprouvées durant la nuit (« Impression fausse »), promenade en rond dans la cour (« Autre »), solitude de l'existence carcérale (« Réversibilités »). Si les « vieux Coppées » (V, VI et VII) manquent d'intérêt, les autres poèmes usent avec bonheur du vers court : les pentasyllabes où vient s'introduire un heptasyllabe (« Impression fausse ») suggèrent parfaitement l'irruption de ces menus événements qui interrompent la régularité du temps ; dans « Autre », le rythme 8-4-4-4 convient, par le retour fréquent de la rime, à peindre la monotonie de la promenade. Dans « Réversibilités », où passé et avenir s'annulent dans le présent de la prison, la reprise du vers 12 au vers 18 et du vers 6 au vers 24 avec inversion des adverbes marque l'irrémédiable clôture du temps. Entre 1884 et 1888, Verlaine écrit les poèmes de « Filles » et de « Lunes » (à l'exception de I). Dans la plupart, Verlaine manifeste une très vive sensualité, qu'il évoque le souvenir de Mathilde (« A Madame *** ») ou de Rimbaud (« Laeti et errabundi »), qu'il pense aux débauches de Coulommes (« L'Impudent ») ou qu'il songe aux filles faciles rencontrées au hasard (« A la princesse Roukhine »). Avec une verve dénuée d'hypocrisie et de retenue, il exalte les jeux de l'amour des corps. La chair règne librement et sans partage. Verlaine ne rêve plus d'amours imaginaires ; cuisses, seins et ventres se trouvent présentés dans leur réalité la plus concrète et la plus tangible. Baisers et caresses envoûtent le poète ; Verlaine devient esclave du plaisir et s'y abandonne avec délice : Tu me roules comme la vague Dans un délice bien païen. (« Auburn »). Amour des femmes, amour des hommes, il n'exclut rien. S'il chante les amours homosexuelles dans « Explication », la femme le hante toujours (« Filles »). Verlaine ne cèle plus rien ; il accuse Mathilde de frigidité (« Le Sonnet de l'homme au sable ») et n'hésite pas à parler de ses fiascos (« Lombes »). D'autres poèmes se rattachent à la veine parodique : Verlaine se désavoue lui-même, il écrit le dernier « Poème saturnien », « La Dernière Fête galante », la dernière « Romance sans parole » (« A la manière de Paul Verlaine »). Il s'imite et se raille lui-même. Saturnien, il se gausse de ses réactions d'autrefois : J'entendais de travers mes paroles. A l'embarquement pour Cythère, il préfère maintenant L'embarquement pour Sodome et Gomorrhe. Les rêveries lui paraissent désormais des mensonges. Amer ou cynique, il trace des autoportraits peu flattés, dont le caractère amusant cache mal la gravité (« Caprice »). Verlaine éprouve la nostalgie de l'époque où, tel Nerval, il s'abandonnait au songe, en amoureux de la lune et de la mort. Mais cette veine est tarie définitivement. Verlaine n'innove pas dans ce livre. Sept poèmes seulement comportent des mètres impairs ; et, parmi les mètres pairs, l'octosyllabe prédomine. Verlaine ne parvient pas à réconcilier et à unifier les tendances diverses de sa personnalité ; Parallèlement exprime l'une de ces tendances avec une sincérité sans fard. « Poète chrétien à cuisse de faune » a dit de lui Charles Maurras ; seul le faune apparaît dans ce livre. |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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