Paul Verlaine |
Epigrammes est publié, aux éditions de La Plume, dans la « Bibliothèque artistique et littéraire », à la fin de l'année 1894. Verlaine y jette un regard rétrospectif sur l'évolution de la poésie durant les dernières années et sur son ouvre elle-même. Désormais, il « s'amuse » (I) ; il se sait au terme de sa course poétique et peut juger en toute liberté ; et tout d'abord le Parnasse qu'il parodiait jadis dans les Poèmes saturniens et envers qui il demeure réservé : Chanoine du Parnasse un peu Sceptique envers l'un peu vieux dieu (I) Il adresse des poèmes à ses amis : Moréas, Coppée qu'il s'amuse à pasticher (XI), Banville dont il apprécie le talent. Et comment mieux définir le génie de Baudelaire : Un marquis de Sade discret Qui saurait la langue des anges (XXVIII) Ou bien encore il dessine quelques poèmes en marge d'un croquis de Cazals ou d'un tableau d'Odilon Redon. Verlaine se rend compte qu'il faut céder la place à la génération suivante. D concède aux jeunes gens l'admiration d'Ibsen et de Schopenhauer ; lui, il préférait Hugo. Il n'a pas les mêmes goûts, mais il leur fait confiance et manifeste de l'indulgence : Laissons-les grandir. Leur art mûrira. (II) Lui-même, il renoue avec l'art des Fêtes galantes, avec cet univers qui s'épanouissait dans le jeu et suscitait l'illusion source de plaisir ; musiques nostalgiques qu'il entend encore résonner faiblement : Il ne me faut plus qu'un air de flûte. Très lointain en des couchants éteints. (VII) Verlaine prend ainsi du recul vis-à-vis de son ouvre et de la poésie contemporaine. Il élargit ses perspectives, tout en restant fidèle au meilleur de lui-même. Dans sa manière de voir la vie, Verlaine montre la même sagesse. Les passions se sont apaisées ; l'ardeur mystique s'est atténuée. Il s'éloigne des positions extrêmes qu'il a pu avoir ; et pourtant, il regrette : Les grandes erreurs de jadis Ou l'ignorante confiance Quand j'aspirais au Paradis. (I) Il souhaite devenir meilleur, il accepte la destinée que Dieu lui a réservée. Croit-il encore ? Il hésite à répondre et parle de son « doute mélancolique » (I). Calmement, il attend la mort, qu'il sait prochaine. Il n'éprouve plus qu'une sérénité apaisée. Vis-à-vis du vers libre, sa position demeure nuancée. Il comprend que les jeunes poètes le préfèrent dans l'ardeur, l'illusion et l'ambition de leurs premiers essais. Pour lui, il entend rester fidèle au vers traditionnel et à la rime. Il ne se dissimule pas les contraintes pesantes que cela entraîne, mais la langue française, dépourvue d'accents, exige le nombre et le retour régulier de certaines sonorités. Mais avec quel art il use de ce vers, comme dans les distiques du poème XIII où alternent vers de onze syllabes et octosyllabes : Quand nous irons, si je dois encor la voir, Dans l'obscurité du bois noir (XIII) On ne rencontre ici aucune originalité formelle. Verlaine ne tente pas de nouvelles expériences. Il observe d'un regard amusé et s'abandonne à sa veine ludique. Il livre, sur le mode plaisant, son testament poétique. |
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Paul Verlaine (1844 - 1896) |
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Portrait de Paul Verlaine | |||||||||
OuvresAprès une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b ChronologieBiographie |
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