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Paul Verlaine



Vêpres rustiques - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Verlaine





Le dernier coup de vêpres a sonné : l'on tinte.

Entrons donc dans l'église et couvrons-nous d'eau sainte.



Ilya peu dé monde encore.
Qu'il fait frais !

C'est bon par ces temps lourds, ça semble fait exprès.



On allume les six grands cierges, l'on apporte

Le ciboire pour le
Salut.
Voici la porte



De la sacristie entr'ouverte et l'on voit bien

S'habiller les enfants de chour et le doyen.



Voici venir le saint cortège " et les deux chantres

Tiennent de gros antiphonaires sur leurs ventres.



Une clochette retentit et le clergé

S'agenouille devant l'autel, dûment rangé.



Une prière est murmurée à voix si basse

Qu'on entend comme un vol de bons anges qui passe.



Le prêtre, se signant, adjure le
Seigneur

Et les clercs, se signant, appellent le
Seigneur.



Et chacun, exaltant la
Trinité, commence.

Roi-prophète
David, ta psalmodie immense * :



«
Le
Seigneur dit '... » «
Je vous logerai... » «
Qu'heureux'' les saints

«
Fils, louez le
Seigneurd... » et, vibrant par essaims.



Les versets de ce chant militaire et mystique :

«
Quand
Israël sortit d'Egypte... »
Et la musique



Du grêle harmonium et du vaste plain-chant.

L'église est remplie.
Il fait tiède.
L'argent



Pour le culte et celui du denier de
Saint-Pierre

Et des pauvres tombe à bruit doux dans l'aumônière.



L'hymne propre et
Magnificat aux flots d'encens !

Une langueur céleste envahit tous les sens.



Au court sermon qui suit sur un thème un peu rance
On somnole sans trop pourtant d'irrévérence.



Le soleil lui faisant un nimbe mordoré.

Le vieux saint du village est tout transfiguré.



Ça sent bon.
On dirait des fleurs très anciennes
S'exhalant lentes dans le latin des antiennes.



Et le
Salut ayant béni l'humble troupeau
Des fidèles, on rejoint meilleurs le hameau.



Le soir on soupe mieux et quand la nuit invite
Au sommeil, on s'endort bien à l'aise et plus vite.

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Paul Verlaine
(1844 - 1896)
 
  Paul Verlaine - Portrait  
 
Portrait de Paul Verlaine

Ouvres

Après une enfance à Metz, il fait ses études à Paris et trouve un emploi à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les salons et cafés littéraires de la capitale et fait la connaissance de nombreux poètes célèbres de son époque. Ces rencontres l'incitent à composer lui aussi des vers. Verlaine est d'un caractère timide, et cette faiblesse est aggravée par des deuils familiaux : il se tourne alors vers la b

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