Philippe Jaccottet |
En ce jardin la voix des eaux ne tarit pas, est-ce une blanchisseuse ou les nymphes d'en bas, ma voix n'arrive pas à se mêler à celles qui me frôlent, me fuient et passent infidèles, il ne me reste que ces roses s'efleuillant dans l'herbe où toute voix se tait avec le temps. - Les nymphes, les ruisseaux, images où se complaire ! Mais qui cherche autre chose ici qu'une voix claire, une fille cachée? Je n'ai rien inventé : voici le chien qui dort, les oiseaux rassemblés, les ouvriers courbés devant les saules frêles brûlant comme des feux; la servante les hèle au bout de la journée... La leur et ma jeunesse s'usent comme un roseau, à la même vitesse, pour nous tous mars approche... Et je ne rêvais pas quand j'entendis, après si longtemps, cette voix me revenir du fond de ce jardin, l'unique, la plus douce dans ce concert... « - ô Dominique ! Jamais je n'aurais cru te retrouver ici, parmi ces gens... - Tais-toi. Je ne suis plus ceci que je fus... » Je la vis saluer avec grâce nos hôtes, puis s'en aller comme les eaux s'effacent, quittant le parc, alors que le soleil se perd, et c'est déjà vers les cinq heures, dans l'hiver. |
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Philippe Jaccottet (1925 - ?) |
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Portrait de Philippe Jaccottet | |||||||||
Biographie / OuvresL'oeuvre de Jaccottet puise son inspiration dans la contemplation du paysage de sa région. Son oeuvre se distingue notamment par le dépouillement et l'absence d'artifices. Son sujet préféré est l'étude de l'homme dans son milieu naturel. Son journal, publié dans « Les semaisons, carnets 1954-62 » (1984) et « La seconde semaison, carnets 1980-94 » (1996), montre son engagement permanent dans une co |
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