Théodore de Banville |
Monstre Inspiration, dédaigneuse Chimère, Je te tiens ! Folle ! En vain, tordant ta lèvre amère, Et demi-souriante et pleine de courroux, Tu déchires ma main dans tes beaux cheveux roux. Non, tu ne fuiras pas. Tu peux battre des ailes. Tout ivre que je suis du feu de tes prunelles Et du rose divin de ta chair, je te tiens, Et mes yeux de faucon sont cloués sur les tiens ! C'est l'or de mes sourcils que leur azur reflète. Lionne, je te dompte avec un bras d'athlète ; Oiseau, je t'ai surpris dans ton vol effaré, Je t'arrache à l'éther ! Femme, je te dirai Des mots voluptueux et sonores, et même, Sans plus m'inquiéter du seul ange qui m'aime, Je saurai, pour ravir avec de longs effrois Tes limpides regards céruléens, plus froids Que le fer de la dague et de la pertuisane, Te mordre en te baisant comme une courtisane. Que pleures-tu ? Le ciel immense, ton pays ? Tes étoiles ? Mais non, je t'adore, obéis. Vite, allons, couche-toi, sauvage, plus de guerre. Reste-là ! Tu vois bien que je ne tremble guère De laisser ma raison dans le réseau vermeil De tes tresses en feu de flamme et de soleil, Et que ma fière main sur ta croupe se plante, Et que je n'ai pas peur de ta griffe sanglante ! |
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Théodore de Banville (1823 - 1891) |
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Portrait de Théodore de Banville | |||||||||
Biographie / OuvresThéodore de Banville, poète français, né le 14 mars 1823 à Moulins, dans l'Allier, mort le 13 mars 1891, à Paris, à son domicile rue de l'Éperon. Il fut un poète français, et un des chefs de file de l'école parnassienne. Banville professait un amour exclusif de la beauté et s'opposait à la fois à la poésie réaliste et aux épanchements romantiques, face auxquels il affirmait sa foi en la pureté for |
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