Théodore de Banville |
Parfois, lorsque mon âme échappe aux soins jaloux, Je revois dans un songe épouvantable et doux, Plein d'ombre et de silence et d'épaisses ramées, Les jardins où jadis passaient mes bien-aimées. Mais voici qu'à présent les rosiers chevelus Sont devenus broussaille et ne fleurissent plus ; Le temps a fracassé le marbre blanc des urnes ; Le rossignol a fui les chênes taciturnes ; Les nymphes de Coustou, les Sylvains et les Pans S'affaissent éperdus sous les lierres rampants ; La flouve, le vulpin, les herbes désolées Ont envahi partout le sable des allées ; Les larges tapis d'herbe aux haleines de thym, Où la lune éclairait les habits de satin, Et les pierres de flamme aux robes assorties, Foisonnent maintenant de ronces et d'orties ; Dans les bassins, les flots aux sourires blafards Sont cachés par la mousse et par les nénufars ; L'étang, où tout un monde effroyable pullule, Ne voit plus sur ses joncs frémir de libellule ; Le chaume est tout couvert d'iris ; les églantiers Pendent, et de leurs bras couvrent des murs entiers ; L'ombre triste, le houx luisant, les eaux dormantes Ont pris les oasis où dormaient mes amantes ; La noire frondaison me dérobe les deux Qu'elles aimaient, et dans ces lieux délicieux, Naguère tout remplis d'enchantements par elles, Meurt le gémissement affreux des tourterelles. Nice, mai 1860 |
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Théodore de Banville (1823 - 1891) |
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Portrait de Théodore de Banville | |||||||||
Biographie / OuvresThéodore de Banville, poète français, né le 14 mars 1823 à Moulins, dans l'Allier, mort le 13 mars 1891, à Paris, à son domicile rue de l'Éperon. Il fut un poète français, et un des chefs de file de l'école parnassienne. Banville professait un amour exclusif de la beauté et s'opposait à la fois à la poésie réaliste et aux épanchements romantiques, face auxquels il affirmait sa foi en la pureté for |
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