Tristan Corbière |
Pour répondre, madame, à vos gracieux vers, Que ne me pousse-t-il des plumes de Guilmers! Dans mon estime encor si vous faites un bond, Ma foi, vous risquez bien de crever le plafond! Comme on mène à la foire un vieux bouc embêté Je mène mon Panneau vers l'immortalité; Et quand des plats débris d'un jaunissant greffier Je fabrique une lyre, il doit être très fier! Mais j'ai hurlé mes vers dans tous les caboulots À la lune, au soleil, aux ondes, aux échos. Huîtres et rossignols, marmites, violon Répètent à l'envi : « Voici le grefillon! » Et que me font, morbleu, les cris et les cancans, Les Panneaux, les Baquet, leurs femmes, leurs enfants? Il me faut un greffier par jour à seriner : Ça m'est indispensable autant que mon dîner. Je n'ai peur de rien, moi!... pas peur du choléra, Pas peur de la trichine, et même... et cotera! Qu'on déchaîne sur moi le greffe et le barreau, Je ne me cacherai derrière aucun Panneau! Sachez que dans la peau d'un fils, quoique souffrant, Loge un gredin de cour cloué solidement, Je n'ai pas peur de l'eau, je n'ai pas peur des cieux. ... Ah! si! pourtant : j'ai peur de deux grands coquins [d'yeux! De deux grands coquins d'yeux!... vous n'en saurez pas Agréez, s'il vous plaît, mes très humbles saluts, [plus. Et quand voudra ma muse entonner sa chanson, Le Panneau vibrera!... C'est lui le diapason! |
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Tristan Corbière (1845 - 1875) |
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Portrait de Tristan Corbière | |||||||||
Biographie / Ouvres1845. |
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