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Tristan Corbière



Cris d'aveugle - Poéme


Poéme / Poémes d'Tristan Corbière





L'oil tué n'est pas mort
Un coin le fend encor
Encloué je suis sans cercueil
On m'a planté le clou dans l'oil
L'oil cloué n'est pas mort
Et le coin entre encor



Deus misericors

Deus misericors
Le marteau bat ma tête en bois
Le marteau qui ferra la croix

Deus misericors



Deus misericors

Les oiseaux croque-morts
Ont donc peur à mon corps



Mon
Golgotha n'est pas fini
Lamma lamma sabacthani
Colombes de la
Mort
Soiffez après mon corps



Rouge comme un sabord
La plaie est sur le bord
Comme la gencive bavant
D'une vieille qui rit sans dent
La plaie est sur le bord
Rouge comme un sabord

Je vois des cercles d'or
Le soleil blanc me mord
J'ai deux trous percés par un fer
Rougi dans la forge d'enfer
Je vois un cercle d'or
Le feu d'en haut me mord



Dans la moelle se tord

Une larme qui sort
Je vois dedans le paradis
Miserere,
De profundis

Dans mon crâne se tord

Du soufre en pleur qui sort

Bienheureux le bon mort
Le mort sauvé qui dort
Heureux les martyrs, les élus
Avec la
Vierge et son
Jésus 0 bienheureux le mort
Le mort jugé qui dort

Un
Chevalier dehors
Repose sans remords

Dans le cimetière bénit

Dans sa sieste de granit



L'homme en pierre dehors
A deux yeux sans remords

Ho je vous sens encor
Landes jaunes d'Armor
Je sens mon rosaire à mes doigts
Et le
Christ en os sur le bois À toi je baye encor 0 ciel défunt d'Armor

Pardon de prier fort
Seigneur si c'est le sort
Mes yeux, deux bénitiers ardents
Le diable a mis ses doigts dedans
Pardon de crier fort
Seigneur contre le sort

J'entends le vent du nord
Qui bugle comme un cor
C'est l'hallali des trépassés
J'aboie après mon tour assez
J'entends le vent du nord
J'entends le glas du cor

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Tristan Corbière
(1845 - 1875)
 
  Tristan Corbière - Portrait  
 
Portrait de Tristan Corbière

Biographie / Ouvres

1845.

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