Tristan Corbière |
Ciel quel est ce commissaire Qu'on voit surgir sur nos bords, Parmi s'étrons et rats morts, Du sein deux de notre maire?! Pour ce qui est des pieds des mains, Il a la forme d'un humain. Mais son cour est anathème!! ...Pour tous ses administrés Il fait vou de chasteté sortant du quarant'huitième, Et sans pitié il défend Aux femmes de fair' des enfants. Ce bipède vraiment inique, (Qui n'a pas d'iarmes dans les yeux?) Envoie à des hommes vertueux des brevets de filles publiques! Ce qui est très inouï Oh oui, pour très inouï, oui! Pour comble de désespérance savez-vous ce qu'il advint? Un' déconfitur' d'adjoints! Pauvre, pauvre, pauvre France!!! ... Et pourtant le soleil parcourait le ciel sur son char. Pharaon ce commissaire de police des hébreux Les fricassait comm' des oufs ce qui était un'grande misère, Mais près d'çui ci Pharaon n'était qu'un petit polisson. Hélas il avait prestance D'un Thug ou même de deux, Ce qui partout faisait que il portait l'horrifiscence, tel que l'vieillard le plus vieil ne vit rien jamais d'pareil. Il était très délétère, Mais Dieu qu'est fort comme il faut voulut mettre fin à nos maux sans mettre fin au commissaire; Enfant j'vas vous dire c'qu'il fit dedans le couplet qui suit - Vite o expectore un ange sous l'espèce d'un sous-préfet Pour redresser tant d'forfaits, avec des galons aux manches Et même je crois qu'il en avait sur l'tempérament très pareil aux alouettes qu'on attire par le miroir Le peuple est sorti pour voir Le sous-préfet en lunettes. C'qui fait qu'on pleurra (sic) longtemps dans tout l'arrondissement. Mais voilà ce peuple impie Qui, ne le comprenant pas, le prend, oui le prend hélas Pour l'caissier d'la gendarmerie, N'avait-il donc pas au front une auréole oui-t-ou non La canaill' piaille et criaille En braillant des braillements. Par derrière et par devant, on dirait que le cri aille en tel rut que sire Écho En prit mal dans les boyaux : « Accourez à ma revanche « avec vos bottes et vos pieds « vous portant sardines blanches « Et coupez-leur le sifflet « avec votre grand sabre et - ... .. cotera! » v'ià l'sang qui coulera tout à l'heur' dans 1' bassin car l'on va mettre bas cinq des têtes de cette foule! les ventres vont être décousis avec tout ce qui s'en suit. Le commissaire, fils de- chienne Et crocodile ennuyeux comme feu Néron mit le feu à un'Ianterne vénitienne qu'il avait, de par ma foy, prise à crédit chez Leroy. Mais v'ià Leroy qu'est un ange (g'na des anges qui sont pompiers) d'un nez fort embrasse les pieds des gens d'armes en phalanges On ne dégainera jamais Devant l'peuple de Morlaix!! Cela est si mirifique Pour les générations Futures, qu'il est question de mettre Leroy en musique; musique de violon... gens subtils me comprendront. Vlà l'tribunal dans la salle, Un président d'enfer naît mais pour ce qui est du nez vraiment Collinet l'a sale l'yant fourré trop avant Dans le cas des délinquants! - Bien vite instruisent l'affaire Collinet et D'amphernet Car ils avaient tous des nez pour espionner nos derrières et des nez qu'ils déguénaient contre le peuple de Morlaix. L'procureur lève sur la troupe Une noble tête à cheveux blancs que les coupables doivent souvent voir se dresser dans leur soupe...! Un' belle tête de vieillard qu'est très éloquente, car... Il les condamne à la peine Pour cause de châtiment et sans plus de sacrement En prison on les rengaine! On ne dégainera jamais Contre le peuple de Morlaix. |
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Tristan Corbière (1845 - 1875) |
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Portrait de Tristan Corbière | |||||||||
Biographie / Ouvres1845. |
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