Tristan Corbière |
L'amour!... je l'ai rêvé, mon cour au grand ouvert Bat comme un volet en pantenne Habité par la froide haleine Des plus bizarres courants d'air; Qui voudrait s'y jeter?... pas moi si j'étais ELLE!... Va te coucher, mon cour, et ne bats plus de l'aile. J'aurais voulu souffrir et mourir d'une femme, M'ouvrir du haut en bas et lui donner en flamme, Comme un punch, ce cour-là, chaud sous le chaud soleil. Alors je chanterais (faux, comme de coutume) Et j'irais me coucher seul dans la trouble brume Éternité, néant, mort, sommeil, ou réveil. Ah si j'étais un peu compris! Si par pitié Une femme pouvait me sourire à moitié, Je lui dirais : oh viens, ange qui me consoles!... ...Et je la conduirais à l'hospice des folles. On m'a manqué ma vie!... une vie à peu près; Savez-vous ce que c'est : regardez cette tête. Dépareillé partout, très bon, plus mauvais, très Fou, ne me souffrant... Encor si j'étais bête! La mort... ah oui, je sais : cette femme est bien froide, Coquette dans la vie; après, sans passion. Pour coucher avec elle il faut être trop toide... Et puis, la mort n'est pas, c'est la négation. Je voudrais être un point épousseté des masses, Un point mort balayé dans la nuit des espaces, ...Et je ne le suis point! Je voudrais être alors chien de fille publique, Lécher un peu d'amour qui ne soit pas payé; Ou déesse à tous crins sur la côte d'Afrique, Ou fou, mais réussi; fou, mais pas à moitié. |
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Tristan Corbière (1845 - 1875) |
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Portrait de Tristan Corbière | |||||||||
Biographie / Ouvres1845. |
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