Valery Larbaud |
Je m'offre à chacun comme sa récompense; Je vous la donne même avant que vous l'ayez méritée. Il y a quelque chose en moi, Au fond de moi, au centre de moi, Quelque chose d'infiniment aride Comme le sommet des plus hautes montagnes; Quelque chose de comparable au point mort de la rétine, Et sans écho, Et qui pourtant voit et entend ; Un être ayant une vie propre, et qui, cependant, Vit toute ma vie, et écoute, impassible, Tous les bavardages de ma conscience. Un être fait de néant, si c'est possible, Insensible à mes souffrances physiques, Qui ne pleure pas quand je pleure, Qui ne rit pas quand je ris, Qui ne rougit pas quand je commets une action honteuse, Et qui ne gémit pas quand mon cour est blessé; Qui se tient immobile et ne donne pas de conseils, Mais semble dire éternellement : « Je suis là, indifférent à tout. » C'est peut-être du vide comme est le vide, Mais si grand que le Bien et le Mal ensemble Ne le remplissent pas. La haine y meurt d'asphyxie, Et le plus grand amour n'y pénètre jamais. Prenez donc tout de moi : le sens de ces poèmes, Non ce qu'on lit, mais ce qui paraît au travers malgré moi : Prenez, prenez, vous n'avez rien. Et où que j'aille, dans l'univers entier. Je rencontre toujours, Hors de moi comme en moi, L'irremplissable Vide, L'inconquérable Rien. |
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Valery Larbaud (1881 - 1957) |
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Portrait de Valery Larbaud | |||||||||
Biographie / OuvresEnfant unique d'un père pharmacien, propriétaire des sources de Vichy Saint-Yorre, décédé quand Valéry Larbaud a huit ans, il est élevé par sa mère et sa tante. En 1908, licencié ès lettres, il publie 'Poèmes par un riche amateur' sans spécifier son nom. Rentier grâce à la fortune familiale, il voyage à grands frais, mène une vie de dandy, fréquentant les stations thermales pour soigner sa santé f |
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