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Victor Hugo



La bataille perdue - Poéme


Poéme / Poémes d'Victor Hugo





Allah! qui me rendra ma formidable armée. Émirs, cavalerie au carnage animée,
Et ma tente, et mon camp, éblouissant à voir.
Qui la nuit allumait tant de feux, qu'à leur nombre
On eût dit que le ciel sur la colline sombre
Laissait ses étoiles pleuvoir?



«
Qui me rendra mes beys aux flottantes pelisses?

Mes fiers timariots, turbulentes milices?

Mes khans bariolés? mes rapides sphahis?

Et mes bédouins hâlés, venus des
Pyramides,

Qui riaient d'effrayer les laboureurs timides,

Et poussaient leurs chevaux par les champs de maïs?



«
Tous ces chevaux, à l'oil de flamme, aux jambes grêles.
Qui volaient dans les blés comme des sauterelles.
Quoi, je ne verrai plus, franchissant les sillons.
Leurs troupes, par la mort en vain diminuées,
Sur les carrés pesants s'abattant par nuées.
Couvrir d'éclairs les bataillons!



Ils sont morts ; dans le sang traînent leurs belles housses ;

Le sang souille et noircit leur croupe aux taches rousses;

L'éperon s'userait sur leur flanc arrondi

Avant de réveiller leurs pas jadis rapides.

Et près d'eux sont couchés leurs maîtres intrépides

Qui dormaient à leur ombre aux haltes de midi !



Allah! qui me rendra ma redoutable armée?
La voilà par les champs tout entière semée.
Comme l'or d'un prodigue épars sur le pavé.
Quoi! chevaux, cavaliers, arabes et tartares,
Leurs turbans, leur galop, leurs drapeaux, leurs fanfares,
C'est comme si j'avais rêvé.



«
O mes vaillants soldats et leurs coursiers fidèles!

Leur voix n'a plus de bruit et leurs pieds n'ont plus d'ailes.

Ils ont oublié tout, et le sabre et le mors.

De leurs corps entassés cette vallée est pleine.

Voilà pour bien longtemps une sinistre plaine.

Ce soir, l'odeur du sang : demain, l'odeur des morts.



«
Quoi! c'était une armée, et ce n'est plus qu'une ombreI
Ils se sont bien battus, de l'aube à la nuit sombre.
Dans le cercle fatal ardents à se presser.
Les noirs linceuls des nuits sur l'horizon se posent.
Les braves ont fini.
Maintenant ils reposent.
Et les corbeaux vont commencer.



«
Déjà, passant leur bec entre leurs plumes noires.

Du fond des bois, du haut des chauves promontoires

Ils accourent; des morts ils rongent les lambeaux;
Et cette armée, hier formidable et suprême.
Cette puissante armée, hélas! ne peut plus même
Effaroucher un aigle et chasser les corbeaux!



«
Oh ! si j'avais encor cette armée immortelle.
Je voudrais conquérir des mondes avec elle;
Je la ferais régner sur les rois ennemis;
Elle serait ma sour, ma dame et mon épouse.

Mais que fera la mort, inféconde et jalouse,
De tant de braves endormis?



«
Que n'ai-je été frappé! que n'a sur la poussière
Roulé mon vert turban avec ma tête altière !
Hier j'étais puissant; hier trois officiers,
Immobiles et fiers sur leur selle tigrée.
Portaient, devant le seuil de ma tente dorée.
Trois panaches ravis aux croupes des coursiers1.



«
Hier j'avais cent tambours tonnant à mon passage;
J'avais quarante agas contemplant mon visage.
Et d'un sourcil froncé tremblant dans leurs palais.
Au lieu des lourds pierriers qui dorment sur les proues,
J'avais de beaux canons roulant sur quatre roues.
Avec leurs canonnière anglais.



«
Hier j'avais des châteaux, j'avais de belles villes.
Des grecques par milliers à vendre aux juifs serviles;
J'avais de grands harems et de grands arsenaux.
Aujourd'hui, dépouillé, vaincu, proscrit, funeste.
Je fuis...
De mon empire, hélas! rien ne me reste.
Allah! je n'ai plus même une tour à créneaux!




Il faut fuir, moi, pacha, moi, vizir à trois queues
I
Franchir l'horizon vaste et les collines bleues,
Furtif, baissant les yeux, presque tendant la main,
Comme un voleur qui fuit troublé dans les ténèbres,
Et croit voir des gibets dressant leurs bras funèbres
Dans tous les arbres du chemin! »



Ainsi parlait
Reschid1, le soir de sa défaite.

Nous eûmes mille
Grecs tués à cette fête.

Mais le vizir fuyait, seul, ces champs meurtriers.

Rêveur, il essuyait son rouge cimeterre;

Deux chevaux près de lui du pied battaient la terre

Et, vides, sur leurs flancs sonnaient les étriers.



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Victor Hugo
(1802 - 1885)
 
  Victor Hugo - Portrait  
 
Portrait de Victor Hugo

Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


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