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Le travail de l'écrivain


Poésie / Poémes d'Victor Hugo





La genèse et l'édition du livre

Dès son arrivée à Bruxelles où, cherché par la police, il s'est réfugié, et moins de deux semaines après le coup d'Etat, Hugo annonce son intention de « faire l'histoire immédiate et toute chaude de ce qui vient de se passer ». Il consacre au travail de documentation et à la rédaction de ce qui sera plus tard l'Histoire d'un crime tout le premier semestre de l'année 1852 jusqu'au jour, le 14 juin à en croire une lettre du 13 juillet, où il l'abandonne brutalement et commence Napoléon le Petit achevé le 12 juillet et publié à Bruxelles par Hetzel dans la première semaine d'août L'auteur avait dû prendre ses précautions : ce livre n'est édité qu'une fois ses deux fils sortis de prison, ses biens vendus, ses revenus mis à l'abri d'une éventuelle confiscation et sa famille, François-Victor excepté, réunie à Jersey où Hugo a préféré s'installer devant les difficultés croissantes que lui font les autorités belges et pour ne pas les embarrasser de sa présence.

A cette date Les Châtiments ne figurent pas au nombre des projets de Hugo. Deux lettres, du 22 mars et du 17 mai, indiquent qu'il songe à publier un recueil de vers, le premier depuis Les Rayons et les Ombres (1840), qui serait, en contraste avec Napoléon-le-Petit et l'Histoire du Deux-Décembre, « un volume de poésie pure ». Le 15 août encore, il écrit à Hetzel : « Je puis avoir un volume de vers, Les Contemplations, prêt dans deux mois » et lui demande de s'informer des conditions de son éventuelle publication. Il dispose alors de cinquante et un des poèmes qui seront inscrits à la table des Contemplations, mais dont un seul a été écrit depuis le coup d'Etat, et de douze pièces des futurs Châtiments. On peut penser que, désireux surtout de sortir d'un trop long silence poétique, Hugo entendait exploiter le matériau déjà prêt



La confirmation s'en trouve dans un nouveau projet conçu sans doute en fonction du succès de Napoléon-le-Petit et annoncé à Hetzel dans une lettre du 7 septembre 1852 : « J'ai pensé, - et autour de moi c'est l'avis unanime, qu'il m'était impossible de publier en ce moment un volume de poésie pure. Cela ferait l'effet d'un désarmement, et je suis plus armé et plus combattant que jamais. Les Contemplations en conséquence se composeraient de deux volumes, premier volume : Autrefois, poésie pure, deuxième volume : Aujourd'hui, flagellation de tous ces drôles et du drôle en chef. »

L'invention des Châtiments date de l'automne 1852. En octobre, Hugo écrit Le Chasseur Noir et Le Bord de la mer qui dessinent déjà complète l'image du poète tel qu'il apparaît dans Les Châtiments et sa mission telle que le recueil la remplit. Le 18 novembre, il n'est plus question des Contemplations; Hugo écrit à Hetzel : « Je fais en ce moment un volume de vers qui sera le pendant naturel et nécessaire de Napoléon-le-Petit. Ce volume sera intitulé : Les Vengeresses... » Il pense mener la rédaction du recueil aussi rapidement qu'il l'avait fait pour Napoléon-le-Petit : un mois, et annonce seize cents vers. En établissant le compte sur l'édition définitive - mais certains poèmes ont pu être abandonnés et d'autres développés -, on arrive effectivement à un total de plus de mille cinq cents vers rédigés à cette date.

Dix jours plus tard, répondant à Hetzel qui l'invite à lui envoyer le manuscrit par retour du courrier pour devancer la prise d'effet de la loi Faider, Hugo refuse la publication immédiate et se donne un nouveau délai de trois semaines. Huit cents nouveaux vers ont été écrits, portant le total à deux mille trois cents. Si l'on suit sur un graphique le travail de Hugo sous son aspect volu-métrique, on remarquera une formidable « pointe » pour le mois de novembre 1852, suivie d'une légère dépression en décembre et, à nouveau, d'une reprise en janvier 1853. L'essentiel des Châtiments a été écrit durant ces trois mois et l'analyse de l'oeuvre devra rendre compte de ce « démarrage » brutal que ni la biographie ni « l'inspiration » ne suffisent à expliquer.



A la suite de M. P. Albouy qui l'a lue et éditée, on datera de la fin de décembre une première liste des poèmes destinés aux futurs Châtiments. Les textes rédigés à cette date n'y figurent pas tous; manquent : un poème de 1850 (IV, 7), les cinq poèmes écrits à Bruxelles (IV, 12; I, 15; III, 5; I, 3; et VI, 2) et quatre pièces de novembre et décembre 1852 (IV, 1; III, 7; VII, 12 et IV, 8); elle comporte en revanche deux poèmes non identifiés, l'un de cinquante-six vers intitulé : « Rentrées », l'autre de douze dont le titre est illisible. Enfin Caïn y est mentionné, dont on sait qu'il sera ultérieurement retiré du manuscrit des Châtiments puis publié dans La Légende des siècles.

L'ouvre projetée a donc connu en un mois et demi un prodigieux accroissement Hugo le reconnaît mais ne l'explique pas dans une lettre du 21 décembre 1852 adressée à Hetzel : « Je vous avais dit 1 600 vers, il y en aura près de trois mille. La veine a jailli; il n'y a pas de mal à cela. » Sans doute !

Un instant ralentie par une crise assez mystérieuse (« J'ai eu des distractions presque douloureuses cette fin d'année qui m'ont interrompu »), la production poétique reprend et Hugo fait part le 9 janvier à Hetzel de son intention d'envoyer le manuscrit des Châtiments - cet intitulé apparaît ici pour la première fois -, avant la fin du mois. Nouvelle lettre le 23 janvier où Hugo, en même temps qu'il fixe définitivement le titre du recueil - après avoir hésité entre Les Vengeresses et Le Chant du vengeur et repoussé Rimes vengeresses que lui proposait Hetzel -, présente l'ouvre comme pratiquement achevée : « D'après l'avis unanime, je m'arrête à ce titre :



CHÂTIMENTS, par, etc.

« Ce titre est menaçant et simple, c'est-à-dire beau.

« Je fais force de voiles pour finir vite. Il faut se presser, car le Bonaparte me fait l'effet de se faisander. Il n'en a pas pour longtemps. L'Empire l'a avancé, le mariage Montijo l'achève. Si le pape le sacrait, tout irait bien. Donc il faut nous hâter. Je voudrais pouvoir vous envoyer le manuscrit en bloc. Indiquez-moi le moyen. »

Enfin, le 24 février, un traité pour l'édition des Châtiments est conclu avec Tarride par Hetzel, et Hugo demande à ce dernier de lui faire connaître les adresses auxquelles il doit expédier le manuscrit - en plusieurs paquets et en espaçant les envois : police impériale oblige. L'existence de deux projets de plans, datés par M. P. Albouy respectivement de la première et de la seconde quinzaine de février, confirme la lettre du 24 et autorise à penser qu'à cette date Hugo jugeait son oeuvre finie et prête pour l'édition.

L'auteur n'avait pas retenu tous les poèmes dont il pouvait disposer et qui ont place dans l'édition définitive. Deux des cinq poèmes de Bruxelles : Les Martyres et Approchez-vous, ceci c'est le tas de dévots..., deux pièces de 1852 : Le plus haut attentat que puisse faire un homme... et A propos de la loi Faider, un autre enfin de 1853 : L'Histoire a pour égout- ne sont notés sur aucune des deux listes. Dans trois autres cas la comparaison révèle une hésitation; Joyeuse vie est inscrit sur la première liste et non sur la seconde, inversement Puisque le juste est dans l'abîme... d'abord omis est ensuite rétabli; le cas le plus curieux est celui de Au Peuple que la première liste ne mentionne pas ni la première rédaction de la seconde, mais qui, sur cette dernière, a été ajouté avant d'être, enfin, biffé. L'explication détaillée des textes en cause, et la considération de leur qualité ou de leur opportunité devrait pouvoir rendre compte de ces manques ou de ces repentirs; ils prouvent de toute manière que ces plans n'étaient pas simple classement hâtif des ouvres déjà écrites. Le travail de sélection et de mise en ordre qu'on y observe confirme l'hypothèse avancée selon laquelle Hugo envisageait alors d'arrêter là la rédaction des Châtiments.



Seule une étude attentive de chacun des poèmes et de la composition du recueil tirerait bien parti de ces documents qui offrent l'occasion d'une sorte de vérification expérimentale des effets de sens obtenus par l'agencement des textes; pour ce qui concerne la genèse de l'ouvre, à voir combien les listes de février sont proches de la table définitive pour les quatre premiers livres et en diffèrent pour les trois derniers, on serait tenté d'imaginer que Hugo les avait préparées plus comme mise au point du travail fait et à faire que comme projet de table d'une publication proche. Tout semble en effet se passer comme s'il n'avait confectionné là que la première moitié du recueil puisque, des poèmes postérieurs à février 1853, huit ont été ajoutés dans les quatre premiers livres et vingt-quatre dans les trois suivants. Mais cette hypothèse est infirmée par le décompte des vers qui fait apparaître un souci d'équilibre numérique entre les huit livres des deux listes, surtout visible dans la première mais qui semble avoir aussi dicté la seconde, établie et corrigée en fonction de l'insertion prévue de La Vision de Dante.

Ce même 24 février, alors que tout semblait prêt pour l'impression des Châtiments, Hetzel écrit à Hugo : « Mon cher maître, je ne suis pas encore découragé, mais je suis indigné, je ne trouve ici que peur et lâcheté. » Tarride, qui avait signé un traité, se déjuge et ici commence l'histoire de l'édition des Châtiments.

Elle est significative de ce qu'était la répression impériale. On ne saurait faire ici le récit détaillé de toutes les mésaventures et des tractations compliquées qui font dire, un jour, à Hugo : «Je fais en ce moment une ouvre de titan : ce n'est pas d'écrire un livre contre un homme, c'est de le publier... L'argent à gagner ne suffit plus pour faire contrepoids à la peur. » Il suffit de connaître l'origine et le mécanisme des difficultés rencontrées par Hugo et Hetzel, et, d'abord, la loi Faider.

Cette loi belge, prise sous la pression de la France, le 20 décembre 1852, stipulait qu'« à la demande expresse et formelle du gouvernement français » des poursuites seraient engagées et des peines d'amende et de prison prononcées contre « quiconque se serait rendu coupable d'offense envers la personne des souverains étrangers ou aurait méchamment attaqué leur autorité ». Auteur, éditeur, imprimeur et même vendeurs étaient également passibles de telles condamnations et le risque n'était pas négligeable. « La prison, 2 000 francs d'amende, voilà un effort que pas un Belge ne fera peut-être pour l'honneur de la liberté de la presse », note Hetzel dans cette même lettre du 24 février.

Une impression clandestine, sans nom d'éditeur? Cette solution simple mettrait imprimeur et éditeur à l'abri des poursuites; mais elle n'assure pas la propriété du texte et autorise toutes les contrefaçons. L'auteur ne serait pas payé ou l'éditeur soumis à rude concurrence.

Hugo imagine alors de publier deux éditions : l'une expurgée, innocente, qui ne ferait condamner personne et couvrirait cependant la propriété du texte de l'autre, clandestine et intégrale. Moertins, un parfait honnête homme et vrai républicain, offre bien de publier une seule édition mais moyennant un engagement à le dédommager des amendes et, à raison de cinq cents francs par mois, de son éventuel séjour en prison, et il exige en outre la libre décision du prix de vente. C'était beaucoup; Hugo refuse.



Hetzel cherche éditeur moins exigeant, n'en trouve pas et propose de fonder pour l'édition clandestine - car il y a foule de demandeurs pour l'expurgée - une imprimerie dont il estime le capital à six mille francs et qui serait financée pour moitié par lui-même et ses associés belges, pour un quart par Hugo, et par les amis de ce dernier pour le quart restant.

Hugo accepte, promet les fonds mais - amitié pour Charles Leroux, frère du socialiste Pierre Leroux, ou méfiance envers les éditeurs de Bruxelles - demande que l'édition soit composée à Jersey, sous ses yeux, par Charles Leroux. On enverrait à l'imprimerie belge les plombs prêts pour le tirage. Sous la pression de Moertins, qui est associé à l'affaire et craint que Hugo ne fasse tirer à Jersey une édition pirate avant même que les plombs n'arrivent à Bruxelles, Hetzel refuse - et Hugo renonce à son projet -, puis accepte, mais Hugo ne parvient plus à renouer avec l'imprimeur de Jersey dont l'honneur avait été blessé ou dont les exigences s'étaient accrues avec ce revirement

En définitive tout s'arrange. Schoelcher, proscrit et ami de Hugo, cotise pour cinq cents francs, Hugo lui-même pour quinze cents; les comptes sont moins clairs pour les autres : Hetzel et Moertins qui laisse à Samuel la responsabilité de l'éditeur; l'imprimerie est fondée; elle fabriquera les deux éditions : l'expurgée et la clandestine.



Le dernier épisode met bien en lumière la prudence de l'auteur et celle de ses éditeurs. Hugo, qui juge le procès certain, les a avertis que se soumettre à la loi Faider revient à reconnaître la légitimité du gouvernement impérial qui agit à travers elle et que, en conséquence, quoi qu'il arrive, il ne se présenterait pas pour plaider. La responsabilité reposerait alors tout entière sur l'éditeur, Samuel. Devinant que celui-ci pourrait invoquer des circonstances atténuantes en affirmant que l'auteur lui avait promis de venir au procès prendre la faute sur lui, Hugo demande que soit ajoutée au traité une clause où Samuel reconnaîtrait être informé de sa décision et qu'on imprime avec le recueil une Préface où l'auteur annoncerait et expliquerait son intention de ne pas venir devant ses juges. Samuel, qui sait fort bien que ce serait se dénoncer, plaider coupable et attirer sur lui la plus lourde condamnation, refuse et propose d'adresser à Hugo une lettre non datée, que l'auteur daterait de l'ouverture des poursuites, et où, endossant toute la responsabilité sans s'exposer à l'accusation de préméditation, il inviterait Hugo à ne pas se présenter au procès. Celui-ci, méfiant, car tout dépend des termes de la lettre et Samuel pourrait prétendre ne l'avoir écrite que par dépit après un refus inattendu de venir plaider, refuse d'abord puis, au vu de la lettre de Samuel, accepte, le 18 août 1853.

Entre-temps Hugo, qui peut-être a volontairement retardé le règlement de ces difficultés, achève la rédaction du livre. Les dernières péripéties de sa composition sont assez confuses. Un premier sommaire ne mentionne aucun des poèmes postérieurs au 23 mai, si on tient pour incertaine la date du Manteau impérial, mais y figurent, à deux exceptions près, tous ceux qui ont été rédigés depuis la confection des listes de février. Il peut donc être daté de la seconde quinzaine de mai. Un deuxième sommaire, plus tardif, mais qui n'est sans doute pas postérieur à la première quinzaine de juillet, apporte plusieurs changements dans l'ordre de chaque livre; surtout il ajoute six poèmes rédigés entre le 24 et le 31 mai dont quatre trouvent place au livre VI jusqu'alors un peu maigre. Enfin une dernière liste n'ajoute, au moins dans sa première rédaction, aucun poème. Mais elle modifie assez sensiblement l'ordre prévu des deux derniers livres surtout, pour donner au recueil son aspect définitif. Dix titres pourtant manquent encore, dont deux sont inscrits en ajout sur cette liste datée de fin juillet ou de début août

Hugo qui, deux mois auparavant, avait noté sur son carnet : « C'est aujourd'hui trente et un mai 1853 que je finis ce livre. Il est onze heures du matin », n'en avait pourtant pas encore fini avec Les Châtiments. La Reculade et Chanson (VII, 6) sont écrits en septembre et, en octobre, La Fin »

Les deux éditions, l'une complète, clandestine et d'un très petit format, « poche », comme tous les livres qui circulent sous le manteau, l'autre passablement châtrée, paraissent le 21 novembre 1853 à Bruxelles. Dix-sept ans plus tard, en octobre 1870, un mois après le retour de Hugo en France, Hetzel publie, augmentée pour la circonstance de quelques pièces, la première édition française des Châtiments, « après d'innombrables contrefaçons ».



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Victor Hugo
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Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


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