Victor Hugo |
Ces femmes, qu'on envoie aux lointaines bastilles. Peuple, ce sont tes saurs, tes mères et tes filles! O peuple, leur forfait, c'est de l'avoir aimé! Paris sanglant, courbé, sinistre, inanimé. Voit ces horreurs et garde un silence farouche. Celle-ci, qu'on amène un bâillon dans la bouche. Cria - t'est là son crime - : à bas la trahison! Ces Icinmes sont la loi, la vertu, la raison, L'équité, la pudeur, la fierté, la justice. Saint-Lazare2 - il faudra broyer cette bâtisse! Il n'en restera pas pierre sur pierre un jour! - Les reçoit, les dévore, et, quand revient leur tour. S'ouvre, et les revomit par son horrible porte. Et les jette au fourgon hideux qui les emporte. Où vonl-elles? L'oubli le sait, et le tombeau Le raconte au cyprès et le «lit au corbeau. Une d'elles était une mère sacrée3. Le jour qu'on l'entraîna vers l'Afrique abhorrée. Ses enfants étaient là qui voulaient l'embrasser; On les chassa. La mère en deuil les vit chasser Et dit : partons! Le peuple en larmes criait grâce. La porte du fourgon étant étroite et basse. Un argousin joyeux, raillant son embonpoint. La fit entrer de force en la poussant du poing. Elles s'en vont ainsi, malades, verrouillées. Dans le noir chariot aux cellules souillées Où le captif, sans air, sans jour, sans pleurs dans l'oil N'est plus qu'un mort vivant assis dans son cercueil. Dans la route on entend leurs voix désespérées. Le peuple hébété voit passer ces torturées. A Toulon, le (ourgon les quitte, le ponton Les prend; sans vêtements, sans pain, sous le bâton. Elles passent la mer, veuves, seules au monde. Mangeant avec les doigts dans la gamelle immonde. Bruxelles. Juillet 1852. |
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Victor Hugo (1802 - 1885) |
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Portrait de Victor Hugo | |||||||||
Biographie / OuvresC'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature Chronologie1802 - Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris. Chronologie historique1848 Bibliographie sÉlective |
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