Victor Hugo |
C'est un funeste siècle et c'est un dur pays. Oh ! que d'Herculanums et que de Pompéis Enfouis dans la cendre épaisse de l'histoire ! D'horribles rois sont là ; la montagne en est noire. Assistés au besoin par ceux du mont Ventoux, Ceux-ci basques, ceux-là catalans, méchants tous, Ils ont de leurs donjons couvert la chaîne entière ; Du pertuis de Biscaye au pas de l'Argentière, La guerre gronde, ouvrant ses gueules de dragon Sur toute la Navarre et sur tout PAragon ; Tout tremble ; pas un coin de ravine où ne grince La mâchoire d'un tigre ou la fureur d'un prince ; Ils sont maîtres des cols et maîtres des sommets. Ces pays garderont leurs traces à jamais ; La tyrannie avec le fer du glaive creuse Sur la terre sa forme et sa figure affreuse ; Là ses dents, là son pied monstrueux, là son poing ; Linéaments hideux qu'on n'effacera point, Tant avec son épée impérieuse et dure Chaque despote en fait profonde la gravure ! Or jamais ces vieux pics pleins de tours, exhaussés De forts ayant le gouffre et la nuit pour fossés, N'ont paru plus mauvais et plus haineux aux hommes Que dans le siècle étrange et funèbre où nous sommes ; Ils se dressent, chaos de blocs démesurés ; Leur cime, par-delà les vallons et les prés, Guette, gêne et menace, à vingt ou trente lieues, Les villes dont au loin on voit les flèches bleues : De quelque chef de bande implacable et trompeur Chacun d'eux est l'abri redouté ; leur vapeur Semble empoisonner l'air d'un miasme insalubre ; Ils sont la vision colossale et lugubre ; La neige et l'ombre font, dans leurs creux entonnoirs, Des pans de linceuls blancs et des plis de draps noirs ; L'eau des torrents, éparse et de lueurs frappée, Ressemble aux longs cheveux d'une tête coupée ; Dans la brume on dirait que leurs escarpements Sont d'une boucherie encor tiède fumants ; Tous ces géants ont l'air de faire dans la nue Quelque exécution sombre qui continue ; L'air frémit ; le glacier peut-être en larmes fond ; Fatals, calmes, muets, et debout dans le fond De la place publique effrayante des plaines, Sur leurs vagues plateaux, sur leurs croupes hautaines, Ils ont tous le carré hideux des castillos, Comme des échafauds qui portent des billots. |
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Victor Hugo (1802 - 1885) |
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Portrait de Victor Hugo | |||||||||
Biographie / OuvresC'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature Chronologie1802 - Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris. Chronologie historique1848 Bibliographie sÉlective |
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