Victor Hugo |
Donc c'est fait. Dût rugir de honte le canon. Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom! Cette gloire est ton trou, ta bauge, ta demeure! Toi qui n'as jamais pris la fortune qu'à l'heure. Te voilà presque assis sur ce hautain sommet! Sur le chapeau d'Essling tu plantes ton plumet; Tu mets, petit Poucet, ces bottes de sept lieues; Tu prends Napoléon dans les régions bleues; Tu lais travailler l'oncle, et, perroquet ravi, Grimper à ton perchoir l'aigle de Mondovi! Thcrsite est le neveu d'Achille Péliade! C'est pour toi qu'on a lait toute cette Iliade! C'est pour toi qu'on livra ces combats inouïs! C'est pour toi que Murât, aux russes éblouis, Terrible, apparaissait, cravachant leur année! C'est pour toi qu'à travers la llainmc et la fumée Les grenadiers pensifs s'avançaient à pas lents! C'est pour toi que mon père et mes oncles vaillants2 Ont répandu leur sang dans ces guerres épiques! Pour toi qu'ont fourmillé les sabres et les piques. Que tout le continent trembla sous Attila, ht que Londres frémit, et que Moscou brûla! C'est pour toi, pour tes Deutz et pour tes Mascarilles. Pour que tu puisses boire avec de belles filles, Et, la nuit, t'attabler dans le Louvre à l'écart. C'est pour monsieur Fialin et pour monsieur Mocquart, Que Larmes d'un boulet eut la cuisse coupée, Que le front des soldats, entr'ouvert par l'épée, Saigna sous le shako, le casque et le colback. Que Lasalle à Wagram, Duroc à Reichenbach, Expirèrent frappés au milieu de leur route, Que Gaulaincourt tomba dans la grande redoute, Et que la vieille garde est morte à Waterloo! C'est pour toi qu'agitant le pin et le bouleau, Le vent fait aujourd'hui, sous ses âpres haleines. Blanchir tant d'ossements, hélas! dans tant de plaines! Faquin! - Tu t'es soudé, chargé d'un vil butin, Toi, l'homme du hasard, à l'homme du destin! Tu fourres, impudent, ton front dans ses couronnes! Nous entendons claquer dans tes mains fanfaronnes Ce fouet prodigieux cjui conduisait les rois; Et tranquille, attelant à ton numéro trois Austerlitz, Marengo, Rivoli, Saint-Jean-d'Acre, Aux chevaux du soleil tu fais traîner ton fiacre! Jersey. Décembre 1852. |
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Victor Hugo (1802 - 1885) |
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Portrait de Victor Hugo | |||||||||
Biographie / OuvresC'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature Chronologie1802 - Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris. Chronologie historique1848 Bibliographie sÉlective |
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