wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Victor Hugo



Pauline roland - Chanson


Chanson / Poémes d'Victor Hugo





Elle ne connaissait ni l'orgueil ni la haine;

Elle aimait; elle était pauvre, simple et sereine;

Souvent le pain qui manque abrégeait son repas.

Elle avait trois enfants, ce qui n'empêchait pas

Qu'elle ne se sentît mère de ceux qui souffrent.

Les noirs événements qui dans la nuit s'engouffrent

Les flux et les reflux, les abîmes béants.

Les nains, sapant sans bruit l'ouvrage des géants.

Et tous nos malfaiteurs inconnus ou célèbres.

Ne l'épouvantaient point; derrière ces ténèbres.

Elle apercevait
Dieu construisant l'avenir.

Elle semait sa loi sans cesse rajeunir;

De la liberté sainte elle attisait les flammes;

Elle s'inquiétait des enfants et des femmes;

Elle disait, tendant la main aux travailleurs :

La vie est dure ici, mais sera bonne ailleurs.

Avançons! -
Elle allait, portant de l'un à l'autre

L'espérance; c'était une espèce d'apôtre

Que
Dieu, sur cette terre où nous gémissons tous.

Avait lait mère et femme afin qu'il fût plus doux;

L'esprit le plus farouche aimait sa voix sincère.

Tendre, elle visitait, sous leur toit de misère.



Tous ceux que la famine ou la douleur abat.

Les malades pensifs, gisant sur leur grabat,

La mansarde où languit l'indigence morose;

Quand, par hasard moins pauvre, elle avait quelque

Elle le partageait à tous comme une sour; [chose.

Quand elle n'avait rien, elle donnait son cceur.

Calme et grande, elle aimait comme le soleil brille.

Le genre humain pour elle était une famille

Comme ses trois enfants étaient l'humanité.

Elle criait : progrès! amour! fraternité!

Elle ouvrait aux souffrants des horizons sublimes.

Quand
Pauline
Roland eut commis tous ces crimes.

Le sauveur de l'église et de l'ordre la prit

Et la mit en prison.
Tranquille, elle sourit,

Car l'éponge de fiel plaît à ces lèvres pures.

Cinq mois, elle subit le contact des souillures.

L'oubli, le rire affreux du vice, les bourreaux.

Et le pain noir qu'on jette à travers les barreaux.

Edifiant la geôle au mal habituée.

Enseignant la voleuse et la prostituée.

Ces cinq mois écoulés, un soldat, un bandit.

Dont le nom souillerait ces vers, vint et lui dit :

-
Soumettez-vous sur l'heure au régne qui commence.
Reniez votre foi; sinon, pas de clémence,
Lambessa! choisissez. -
Elle dit :
Lambessa.

Le lendemain la grille en frémissant grinça.
Et l'on vit arriver un fourgon cellulaire.

-
Ah! voici
Lambessa, dit-elle sans colère.

Elles étaient plusieurs qui souffraient pour le droit
Dans la même prison.
Le fourgon trop étroit
Ne put les recevoir dans ses cloisons infâmes;
Et l'on lit traverser tout
Paris à ces femmes
Bras dessus
Jsras dessous avec les argousins.
Ainsi que des voleurs et que des assassins.



Les sbires les
Frappaient de paroles bourrues.

S'il arrivait parfois que les passants des rues.

Surpris de voir mener ces femmes en troupeau.

S'approchaient et mettaient la main à leur chapeau,

L'argousin leur jetait des sourires obliques.

Et les passants luyaient. disant : filles publiques!

Et
Pauline
Roland disait : courage, sours!

L'océan au bruit rauque, aux sombres épaisseurs.

Les emporta.
Durant la rude traversée.

L'horizon était noir, la bise était glacée.

Sans l'ami qui soutient, sans la voix qui répond,

Elles tremblaient.
La nuit, il pleuvait sur le pont;

Pas de lit pour dormir, pas d'abri sous l'orage.

Et
Pauline
Roland criait : mes sours, courage!

Et les durs matelots pleuraient en les voyant.

On atteignit l'Afrique au rivage effrayant,

les sables, les déserts qu'un ciel d'airain calcine.

Les rocs sans une source et sans une racine:

L'Afrique, lieu d'horreur pour les plus résolus.

Terre au visage étrange où l'on ne se sent plus

Regardé par les yeux de la douce patrie.

Et
Pauline
Roland, souriante et meurtrie,

Dit aux femmes en pleurs : courage, c'est ici.

Et quand elle était seule, elle pleurait aussi.

Ses trois enfants! loin d'elle!
Oh! quelle angoisseamère!

Un jour, un des geôliers dit à la pauvre mère

Dans la casbah de
Bône aux cachots étouffants :

-
Voulez-vous être libre et revoir vos enfants ;'

Demandez grâce au prince. -
Et cette femme forte

Dit : -
J'irai les revoir lorsque je serai morte.

Alors sut la martyre, humble cour indompté,

On épuisa la haine et la férocité.

Bagnes d'Afrique! enfers qu'a sondés
Ribeyrolles!

Oh! la pitié sanglote et manque de paroles.

Une
Femme, une mère, un esprit! ce fut là

Que malade, accablée et seule, on l'exila.

Le lit de camp, le froid et le chaud, la famine.

Le jour l'affreux soleil et la nuit la vermine.

Les verrous, le travail sans repos, les affronts,

Rien ne plia son âme; elle disait : -
Souffrons.

Souffrons comme
Jésus, souffrons comme
Socrate. -

Captive, on la traîna sur cette terre ingrate;

Et, lasse, et quoiqu'un ciel torride l'écrasât.

On la faisait marcher à pied comme un forçat.

La fièvre la rongeait; sombre, pâle, amaigrie.

Le soir elle tombait sur la paille pourrie,

Et de la
France aux fers murmurait le doux nom.

On jeta cette femme au fond d'un cabanon.

Le mal brisait sa vie et grandissait son âme.

Grave, elle répétait : «
Il est bon qu'une femme.

Dans cette seivitude et cette lâcheté,

Meure pour la justice et pour la liberté. »

Voyant qu'elle râlait, sachant qu'ils rendront compte.

Les bourreaux eurent peur, ne pouvant avoir honte;

Et l'homme de décembre abrégea son exil.

«
Puisque c'est pour mourir, qu'elle rentre! » dit-il.

Elle ne savait plus ce que l'on faisait d'elle.

L'agonie à
Lyon la saisit.
Sa prunelle.

Comme la nuit se fait quand baisse le flambeau.

Devint obscure et vague, et l'ombre du tombeau

Se leva lentement sur son visage blême.

Son fils, pour recueillir à cette heure suprême

Du moins son dernier souffle et son dernier regard,

Accourut.
Pauvre rtière!
Il arriva trop tard.

Elle était morte; morte à force de souffrance.

Morte sans avoir su qu'elle voyait la
France

Et le doux ciel natal aux rayons réchauffants;

Morte dans le délire en criant : mes enfants!

On n'a pas même osé pleurer à ses obsèques;

Elle dort sous la terre. -
Et maintenant, évèques,

Debout, la mitre au
Iront, dans l'ombre du saint lieu,
Crachez vos
Te
Deum à la lare de
Dieu!

Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Victor Hugo
(1802 - 1885)
 
  Victor Hugo - Portrait  
 
Portrait de Victor Hugo

Biographie / Ouvres

C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature

Chronologie

1802
- Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris.

Chronologie historique

1848

Bibliographie sÉlective


mobile-img