Victor Hugo |
Non, liberté! non, peuple, il ne faut pas qu'il meure! Oh! certes, ce serait trop simple, en vérité. Qu'après avoir brisé les lois, et sonné l'heure Où la sainte pudeur au ciel a remonté2; Qu'après avoir gagné sa sanglante gageure. Et vaincu par l'embûche, et le glaive, et le feu; Qu'après son guet-apens, ses meurtres, son parjure, Son Taux serment, soulllet sur la face de Dieu; Qu'après avoir traîné la Fiance, au cour frappée, Et par les pieds liée, à son immonde char. Cet infâme en lût quitte avec un coup d'épée Au cou comme Pompée, au flanc comme César! Non! il est l'assassin qui rôde dans les plaines, Il a tué, sabré, mitraillé sans remords. Il fit la maison vide, il fit les tombes pleines, Il marche, il va, suivi par l'ccil fixe des morts; A muse de cet homme, empereur éphémère, Le lils n'a plus de père et l'enfant plus d'espoir, La veuve à genoux pleure et sanglote, et la mère N'est plus qu'un spectre assis sous un long voile noir; Pour filer ses habits royaux, sur les navettes On mei du (il trempé dans le sang qui coula; Le boulevard Montmartre a fourni ses cuvettes, Et l'on leini son manteau dans cette pourpre-là; Il vous jette à Caycnne, à l'Afrique, aux sentines. Martyrs, héros d'hier et forçats d'aujourd'hui! Le couteau ruisselant des rouges guillotines Laisse tomber le sang goutte à goutte sur lui; Lorsque la trahison, sa complice livide, Vient cl frappe à sa porte, il fait signe d'ouvrir; Il est le fratricide! il est le parricide! - Peuples, c'est pour cela qu'il ne doit pas mourir! Gardons l'homme vivant. Oh! châtiment superbe! Oh! s'il pouvait un jour passer par le chemin. Nu, courbé, frissonnant, comme au vent tremble l'herbe. Sous l'exécration de tout le genre humain! Étreint par son passé tout rempli de ses crimes Comme par un carcan tout hérissé de clous. Cherchant les lieux profonds, les forêts, les abîmes. Pâle, horrible, effaré, reconnu par les loups; Dans quelque bagne vil n'entendant que sa chaîne. Seul, toujours seul, parlant en vain aux rochers sourds, Voyant autour de lui le silence et la haine. Des hommes nulle part et des spectres toujours; Vieillissant, rejeté par la mort comme indigne, Tremblant sous la nuit noire, affreux sous le ciel bleu... - Peuples, écartez-vous! cet homme porte un signe; Laissez passer Caïn! il appartient à Dieu1. Jersev. Octobre 1852. |
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Victor Hugo (1802 - 1885) |
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Portrait de Victor Hugo | |||||||||
Biographie / OuvresC'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature Chronologie1802 - Naissance le 26 Février à Besançon. Il est le troisième fils du capitaine Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet. Suivant les affectations du père, nommé général et comte d'Empire en 1809, la famille Hugo s'établit en Italie, en Espagne, puis à Paris. Chronologie historique1848 Bibliographie sÉlective |
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