Yves Bonnefoy |
Le mot ronce, dis-tu? Je me souviens De ces barques échouées dans le varech Que traînent les enfants les matins d'été Avec des cris de joie dans les flaques noires Car il en est, vois-tu, où demeure la trace D'un feu qui y brûla à l'avant du monde - Et sur le bois noirci, où le temps dépose Le sel qui semble un signe mais s'efface, Tu aimeras toi aussi l'eau qui brille. Du feu qui va en mer la flamme est brève, Mais quand elle s'éteint contre la vague, Il y a des irisations dans la fumée. Le mot ronce est semblable à ce bois qui sombre Et poésie, si ce mot est dicible, N'est-ce pas de savoir, là où l'étoile Parut conduire mais pour rien sinon la mort, Aimer cette lumière encore? Aimer ouvrir L'amande de l'absence dans la parole? |
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Yves Bonnefoy (1923 - ?) |
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