Yves Bonnefoy |
Mais nous aimons ces puits qui veillent loin des routes Car nous nous demandons qui vient vers eux Dans les herbes barrées de ronces, attirés Par ces sortes de dômes que font leurs lauzes Au-dessus des buissons, là où commence Le pays qui ne sait que l'éternel; Qui s'arrête auprès d'eux aujourd'hui encore, Qui les ouvre et se penche, en un autre monde. Le fer rouillé résiste, il fait grand bruit Puis grand silence quand retombe sur la pierre La tôle qui sépare les deux ciels. Et ce n'est qu'un instant de l'été, le grillon Effrayé a repris, hors de la mort, Son chant qui est matière faite voix Et, peut-être, lumière mais pour rien. Il a perçu que ces froissements d'herbes, Ces mots, cette espérance, ne furent pas Plus qu'il n'est, lui (si c'est le mot), parmi les ronces Qui griffent nos visages mais ne sont Que le rien qui griffe le rien dans la lumière. |
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Yves Bonnefoy (1923 - ?) |
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