Yves Bonnefoy |
I Voici défait le chevalier de deuil. Comme il gardait une source, voici Que je m'éveille et c'est par la grâce des arbres Et dans le bruit des eaux, songe qui se poursuit Il se tait. Son visage est celui que je cherche Sur toutes sources ou falaises, frère mort. Visage d'une nuit vaincue, et qui se penche Sur l'aube de l'épaule déchirée. Il se tait. Que peut dire au terme du combat Celui qui fut vaincu par probante parole ? Il tourne vers le sol sa face démunie, Mourir est son seul cri, de vrai apaisement. II Mais pleure-t-il sur une source plus Prolbnde et fleurit-il, dahlia des morts Sur le parvis des eaux terreuses de novembre Qui poussent jusqu'à nous le bruit du monde mort ? Il me semble, penché sur l'aube difficile De ce jour qui m'est dû et que j'ai reconquis, Que j'entends sangloter l'éternelle présence De mon démon secret jamais enseveli. O tu reparaîtras, rivage de ma force ! Mais que ce soit malgré ce jour qui me conduit. Ombres, vous n'êtes plus. Si l'ombre doit renaître C? sera dans la nuit et par la nuit. |
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Yves Bonnefoy (1923 - ?) |
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