Yves Bonnefoy |
Je nommerai désert ce château que tu fus, Nuit cette voix, absence ton visage, Et quand tu tomberas dans la terre stérile Je nommerai néant l'éclair qui t'a porté. Mourir est un pays que tu aimais. Je viens Mais éternellement par tes sombres chemins. Je détruis ton désir, ta forme, ta mémoire, Je suis ton ennemi qui n'aura de pitié. Je te nommerai guerre et je prendrai Sur toi les libertés de la guerre et j'aurai Dans mes mains ton visage obscur et traversé, Dans mon cour ce pays qu'illumine l'orage. La lumière profonde a besoin pour paraître D'une terre rouée et craquante de nuit. C'est d'un bois ténébreux que la flamme s'exalte. Il faut à la parole même une matière. Un inerte rivage au delà de tout chant. Il te faudra franchir la mort pour que tu vives, La plus pure présence est un sang répandu. |
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Yves Bonnefoy (1923 - ?) |
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