Clément Marot |
Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sour du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réformistes, compose épîtres, ballades et rondeaux. En 1516, il est emprisonné sur dénonciation d'avoir mangé « lard en carême » et transféré du Châtelet - qu'il décrira dans son Enfer de 1539 - à la prison plus libérale de l'évêque de Chartres, avant d'être relâché. Mais en 1527, il est arrêté à nouveau pour avoir aidé un prisonnier à échapper aux sergents et doit demander sa libération au roi dont il a l'appui et la faveur. Pourtant, en 1531, compromis dans l'affaire des Placards , il doit s'enfuir à la cour de Marguerite de Navarre , puis de Renée de France à Ferrare. Gracié par le roi, il doit abjurer à Lyon (1536), rentré à Paris, traduit les Psaumes en vers français en 1537, et en publie 30 en 1541. Mais à nouveau inquiété, il doit quitter la France en 1542, et se réfugie en Suisse puis en Italie. Il meurt à Turin en 1544. Poète savant, sans prétendre à l'érudition, comme les poètes de la Pléiade, Marot connaît bien l'antiquité latine. Son Enfer est un catalogue mythologique plein de réminiscences virgiliennes. Mais il n'oublie ni le Roman de la Rose qu'il adapte dans son Temple de Cupido ni Villon, qu'il édite en 1533. Poète de l'amour, comme tous ceux de son siècle, homme du monde à l'exquise courtoisie qui exprime avec l'emphase nécessaire la beauté de la grande amie, de la belle dame, et la ferveur d'un sentiment presque toujours idéal et platonique, il chante ainsi le Partement d'Anne. Mais il fut aussi un écrivain religieux très sincère qui renonça à la carrière confortable et brillante de poète de cour, de flatteur aimable et choyé du roi, pour rejoindre les indisciplines et les réformés en un exil volontaire et définitif. C'est avec une parfaite humilité qu'il s'est consacre à la traduction des Psaumes, composant ainsi des chants populaires que les protestants adoptèrent dans leurs églises dès 1542. En fait, Marot est avant tout un poète de circonstance: c'est là sa véritable originalité, et l'explication de la variété de sujets et de tons dans sa poésie. Il n'a jamais été si personnel, si original, si indépendant, que dans les innombrables poèmes écrits sous la pression des événements, dans une intention bien définie: être délivré de prison, obtenir une faveur, de l'argent, un cheval... Il a créé et porté à sa perfection le genre de l'épître familière, comme Ronsard a illustré l'ode, du Bellay le sonnet et, au siècle suivant, La Fontaine la fable. Chaque épître à son unité propre, sa composition, ses images, son style. Cette Épître au Roi pour Marot malade à Paris fut écrite lorsque Marot, en avril 1531, était atteint de la peste. Son valet de chambre venait de lui voler l'argent donné par le roi. Jamais il ne s'est montré conteur plus vif, inattendu, plaisant, que dans le récit de ses mésaventures. Jamais personne n'a si bien su voiler, sous le rire et la fantaisie, une mélancolie profonde. Jamais aussi on n'a mêlé à l'expression d'une telle mélancolie le badinage subtil qui amène adroitement une prosaïque demande d'argent. Son ouvre Poète varié, plus grave qu'on ne l'imagine, mais incapable de s'accommoder de l'austérité d'un Calvin, Clément Marot participe encore de la tradition médiévale. L'ouvre de Marot est très abondante et « l'élégant badinage » auquel Boileau l'associe dans son Art Poétique n'est qu'un aspect. On remarque, en lisant ses Ouvres, comme le poète a évolué de la discipline des Rhétoriqueurs, vers un art très personnel qui le rapproche de l'humanisme. Dans les pays francophones, il est surtout connu pour l'élaboration de nombreux psaumes protestants qui seront chantés dans le monde entier. L'Adolescence clémentine (1532-1538) comprend les poèmes de jeunesse. Ils se caractérisent par la variété des formes et des sujets abordés : La première Églogue des Bucoliques de Virgile (traduction) Le Temple de Cupido (inspiré du Temple de Vénus de Jean Lemaire de Belges) Le Jugement de Minos (inspiré de la traduction latine du Dialogue des morts de Lucien de Samosate) Les Tristes vers de Philippe Béroalde (traduction du Carmen lugubre de die dominicae passionis de Philippe Béroalde) Oraison contemplative devant le Crucifix (traduction de l'Ennea ad sospitalem Christum de Nicolas Barthélemy de Loches) Épîtres : 10 pièces (11 si l'on compte L'Épître de Maguelonne). Cette épître de Maguelonne relève de l'héroïde. Complaintes Épitaphes: forme brève, l'épitaphe peut ne comporter que deux vers. Au début de la section le ton est grave, puis le sourire fait son apparition. Ballades: elles comprennent une trentaine de vers répartis en trois strophes et demie, un refrain d'un vers et un envoi-dédicace. La Ballade joue sur trois ou quatre rimes. Le poème se termine par une demi-strophe, adressée au Prince (ou à la Princesse). Rondeaux: qui comprennent de 12 à 15 vers, caractérisés par le retour du demi-vers initial au milieu et à la fin du poème. Chansons: La chanson est propice à toutes les acrobaties de la rime. Ces trois derniers genres étaient pratiqués par les rhétoriqueurs. L'organisation de L'Adolescence clémentine montre que Marot compose une ouvre et que le recueil n'est pas le fruit d'un épanchement spontané. La chronologie n'y est pas respectée. Marot opère des modifications. Ainsi la Ballade V change de destinataire en 1538. Gérard Defaux fait observer que Marot construit sa vie dans le recueil, comme un romancier compose un roman. Marot aime inscrire son nom dans ses poèmes : il représente volontiers dans le poème l'activité scripturaire. Son goût le porte vers les genres brefs. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Clément Marot (1496 - 1544) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Clément Marot | |||||||||
BiographieClément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sour du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réfo ChronologieÉvénements historiquesOrientation bibliographique |
|||||||||