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Clément Marot



élégie vi - Élégie


Élégie / Poémes d'Clément Marot





Le plus grand bien qui soit en amitié,
Après le don d'amoureuse pitié.
Est s'entr'écrire, ou se dire de bouche,
Soit bien, soit deuil, tout ce qui au cour touche ;
Car si c'est deuil, on s'entreréconforte.
Et si c'est bien, sa part chacun emporte.
Pourtant je veux, ma mie et mon désir,
Que vous ayez votre part d'un plaisir,
Qui en dormant l'autre nuit me survint.



Avis me fut que vers moi tout seul vint
Le dieu d'amours, aussi clair qu'une étoile,
Le corps tout nu, sans drap, linge, ni toile,
Et si avait, afin que l'entendez,
Son arc alors, et ses yeux débandés,
Et en sa main celui trait bienheureux,
Lequel nous fit l'un de l'autre amoureux.



En ordre tel, s'approche, et me va dire : «
Loyal amant, ce que ton cour désire,
Est assuré ; celle qui est tant tienne,
Ne t'a rien dit, pour vrai, qu'elle ne tienne ;
Et, qui plus est, tu es en tel crédit,
Qu'elle a foi ferme en ce que lui as dit. »



Ainsi
Amour parlait, et en parlant
M'assura fort.
Adonc en ébranlant

Ses ailes d'or en l'air s'en est volé,

Et au réveil je fus tant consolé,

Qu'il me sembla que du plus haut des cieux

Dieu m'envoya ce propos gracieux.



Lors pris la plume, et par écrit fut mis
Ce songe mien que je vous ai transmis,
Vous suppliant, pour me mettre en grand heur,
Ne faire point le dieu d'amours menteur ;
Mais, tout ainsi qu'il m'en donne assurance,
En votre dire ayez persévérance ;
Croyant toujours que les propos et termes
Que vous ai dits sont assurés et fermes.



En ce faisant pourrai bien soutenir,
Que songe peut sans mensonge advenir :
Et si dirai la couche bienheureuse,
Où je songeais chose tant amoureuse.
O combien donc heureuse elle sera
Quand ce gent corps dedans reposera !

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Clément Marot
(1496 - 1544)
 
  Clément Marot - Portrait  
 
Portrait de Clément Marot

Biographie

Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sour du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réfo

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