Le cri du jeu de l'empire d'orléans - Ballade

Laissez à part vos vineuses tavernes,
Museaux ardents, de rouge enluminés.
Renjeunissez, saillez de vos cavernes,
Vieux accroupis, par âge exanimés.

Voici les jours qui sont déterminés

A blasonncr, à dégorger et dire ;

Voici le temps, que suppôts de l'Empire

Doivent par droit leurs coutumes tenir.

Si voulez donc passer le temps et rire,
N'y envoyez, mais pensez de venir.

Harnais, chevaux, fifres, tambours et trompes,
Riches habits et grands bragues avoir,
Ce ne sont pas de l'Empire les pompes :
Leurs mots, leur jeu, c'est cela qu'il faut voir

Qui voudra donc des nouvelles savoir,
Qui ne saura des folies cent mille,
Qui ne saura mainte abusion vile,
Sans trop piquer, l'en ferons souvenir :
Pourtant, seigneurs de cette noble ville,


N'y envoyez, mais pensez de venir.

N'ayez pas peur,
Dames gentes, mignonnes,
Qu'en nos papiers on vous veuille coucher ;
Chacun sait bien qu'êtes belles et bonnes,
On ne saurait à vos honneurs toucher :


Qui est morveux, si se voise moucher.
Venez, venez,
Sots,
Sages,
Fols et
Folles,
Vous musequins, qui tenez les écoles
De caqueter, faire, et entretenir,
Pour bien juger, que c'est de nos paroles,


N'y envoyez, mais pensez de venir.



ENVOI



Prince, le temps et le terme s'approche,
Qu'Empiriens par-dessus la
Basoche
Triompheront, pour honneur maintenir :
Toutes et tous, si trop fort on ne cloche,
N'y envoyez, mais pensez de venir.