Germain Nouveau |
C'est la triste feuille morte Que le vent d'octobre emporte, C'est la lune, au front du jour, Que nulle étoile n'escorte, Au soleil, c'est mon amour, L'enfant plus pâle que blanche : Beau fruit mourant sur la branche ! Mais quand la nuit est levée Je vois la Chère Eprouvée Qui n'en rayonne que mieux Dans sa pâleur ravivée. Et ce m'est délicieux Comme l'aube de la lune Aux voyageurs de fortune ! C'est le plus doux des visages : La lampe des Vierges sages Brûle avec cette douceur. Esprit des pèlerinages, Voix de mère et cour de sour ! J'ai donné ma vie à Celle Dont la pâleur étincelle ! Une petite avec des flûtes dans la voix Qui riait et qui pour les graves sours d'Ursule Etait le rayon fol à travers la cellule. Pour la beauté c'était bien l'« Ange », pas de ceux Qui traversent le rêve épais des amoureux, Mais de ceux que l'Esprit mêle au divin cortège ; Pour l'âme, un lait, et pour l'innocence, une neige ! Toute l'année, en cette âme, c'était Noël. Son front charmant semblait pétri d'un peu de ciel, Comme nos tristes cours le sont d'un peu de fange. Elle étonnait ! Je l'ai déjà dit, c'était l'« Ange », Et sa tête aurait pu voler au paradis, Quand, par hasard, de ses grands cols blancs tout unis Les coins se retroussaient avec des façons d'ailes ! Après cela, la plus riche des demoiselles, La fille d'un monsieur qui, comme on a pignon Sur rue, avait, lui, droit de servage, un grand nom, Et de l'or tant que nul creuset ne l'évaporé. Elle était la puissance énorme qui s'ignore, Elle ne savait pas que ses yeux étaient beaux ; Mais elle eût été reine aussi dans des sabots ! Adorable ! mais quel homme à moins d'être impie (Allez, c'est bien le mot !) l'eût mêlée à sa vie, Assez fou pour la rendre à notre air étouffant ; Amour seul eût été digne de cet enfant, Si les meilleurs baisers n'étaient pas des morsures, .Si les lèvres n'avaient la forme des blessures. Aucun nuage impur dans ses chastes yeux gris ! Elle ne rêvait pas des hommes de Paris, Ni de ses fêtes, ni diamants et dentelles Qui font les yeux plus fous pour les femmes plus belles Nul héros des affreux romans que nous faisons, Quand nous avons bu, nul ne hanie ces maisons. Son Idéal ? Elle eût répondu : Télémaque. Toute l'année, au fond de ce cour, c'était Pâque. |
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Germain Nouveau (1851 - 1920) |
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Portrait de Germain Nouveau | |||||||||
Biographie / OuvresIl est l'aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu'il n'a que sept ans. Il est élevé par son grand-père. Après une enfance à Aix-en-Provence et des études qu'il effectue au petit séminaire, pensant même à embrasser la prêtrise, et après une année d'enseignement au lycée de Marseille en 1871-1872, Nouveau Chronologie |
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