Henri Michaux |
Toi que je ne sais où atteindre et qui ne liras pas ce livre. Qui as fait toujours leur procès aux écrivains, Petites gens, mesquins, manquant de vérité, vaniteux, Toi pour qui Henri Michaux est devenu un nom propre peut-être semblable en tout point à ceux-là qu'on voit dans les faits divers accompagnés de la mention d'âge et de profession, Qui vis dans d'autres compagnies, d'autres plaines, d'autres souffles, Pour qui cependant je m'étais brouillé avec toute une ville, capitale d'un pays nombreux, Et qui ne m'as pas laissé un cheveu en t'en allant, mais la seule recommandation de bien brûler tes lettres, n'es-tu pas pareillement à cette heure entre quatre murs et songeant? Dis-moi, es-tu encore aussi amusée à prendre les jeunes gens timides à ton doux regard d'hôpital? Moi, j'ai toujours mon regard fixe et fou; Cherchant je ne sais quoi de personnel, Je ne sais quoi à m'adjoindre dans cette infinie matière invisible et compacte, Qui fait l'intervalle entre les corps de la matière appelée telle. Cependant, je me suis abandonné à un nouveau « nous ». Elle a comme toi des yeux de lampe très douce, plus grands, une voix plus dense, plus basse et un sort assez pareil au tien dans son début et son cheminement. Elle a... elle avait, dis-je! Demain ne l'aurai plus, mon amie Banjo. Banjo, Banjo, Bibolabange la bange aussi, Bilabonne plus douce encore, Banjo, Banjo, Banjo restée toute seule, banjelette. Ma Banjeby, Si aimante, Banjo, si douce. Ai perdu ta gorge menue, Menue, Et ton ineffable proximité. Elles ont menti toutes mes lettres, Banjo... et maintenant je m'en vais. J'ai un billet à la main : 17.084. Compagnie Royale Néerlandaise. Il n'y a qu'à suivre ce billet et l'on va en Equateur. Et demain, billet et moi, nous nous en allons, Nous partons pour cette ville de Quito, au nom de couteau. Je suis tout replié quand je songe à cela; Et pourtant on me dira : « Eh bien, qu'elle parte avec vous. » Mais oui, on ne vous demandait qu'un petit miracle, vous, là-haut, tas de fainéants, dieux, archanges, élus, fées, philosophes, et les copains de génie que j'ai tant aimés, Ruysbroek et toi Lautréamont, qui ne te prenais pas pour trois fois zéro; un tout petit miracle qu'on vous demandait, pour Banjo et pour moi. |
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Henri Michaux (1899 - 1984) |
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Portrait de Henri Michaux | |||||||||
BibliographieEn 1922, lors de son séjour à l'hôpital consécutif à ces problèmes cardiaques, il découvre Lautréamont, dont l'oeuvre lui donne la liberté et l'étincelle créative pour écrire ses propres poèmes. « Cas de folie circulaire », fut son premier poème publié en 1922 dans la revue littéraire Le Disque Vert, dirigée par Franz Hellens. Celui-ci, fervent amateur de Michaux, ira jusqu'à le nommer co-directeu Ouvres d'henri michauxHenri Michaux (Namur, 24 mai 1899 - Paris, 19 octobre 1984) est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955. Son ouvre est souvent rattachée au courant surréaliste, même s'il n'a pas fait partie du mouvement. BiographieNé le 24 mai 1899 à Namur, Henri Michaux arrive en 1924 à Paris où il côtoie les peintres surréalistes et se lie d'amitié avec Jules Supervielle et le peintre Zao Wou KI. Après avoir longuement voyagé de 1927 à 1937 en Asie et en Amérique du Sud, il se retire dans le Midi durant la guerre. Il est mort à Paris le 19 octobre 1984. Si la mescaline est en grande partie à l'origine de son ouvre pictura |
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