Henri Michaux |
L'incroyable, le désiré désespérément depuis l'enfance, l'exclu apparemment que je pensais que moi je ne verrais jamais, l'inouï, l'inaccessible, le trop beau, le sublime interdit à moi, est arrivé. j'ai vu les milliers de dieux. J'ai reçu le cadeau émerveillant. A moi sans foi (sans savoir la foi que je pouvais avoir peut-être), ils sont apparus. Ils étaient là, présents, plus présents que n'importe quoi que j'aie jamais regardé. Et c'était impossible et je le savais et pourtant. Pourtant ils étaient là, rangés par centaines les uns à côté des autres (mais des milliers à peine perceptibles suivaient et bien plus que des milliers, une infinité). Elles étaient là ces personnes calmes, nobles, suspendues en l'air par une lévitation qui paraissait naturelle, très légèrement mobiles ou plutôt animées sur place. Elles, ces personnes divines, et moi, seuls en présence. Dans quelque chose comme de la reconnaissance, j'étais à elles. Mais enfin, me dira-t-on, qu'est-ce que je croyais? Je réponds : Qu'avais-je à faire de croire, puisqu'ils étaient là! Pourquoi serais-je entré en discussion alors que j'étais comblé? Ils ne se trouvaient pas à une grande hauteur, mais à la hauteur qu'il faut pour, tout en se laissant voir, garder les distances, pour être respectés par le témoin de leur gloire qui reconnaît leur supériorité sans comparaison. Ils étaient naturels, comme est naturel le soleil dans le ciel. Je ne bougeais pas. Je n'avais pas à m'incliner. Ils étaient suffisamment par-dessus moi. C'était réel et c'était comme chose entendue entre nous, en vertu d'une entente préexistante. J'étais rempli d'eux. J'avais cessé d'être mal rempli. Tout était parfait. Il n'y avait plus ni à réfléchir, ni à soupeser, ni a critiquer. Il n'y avait plus à comparer. Mon horizontale était maintenant une verticale. J'existais en hauteur. Je n'avais pas vécu en vain. La différence avec tous les événements précédents était mon total et heureux acquiescement. Je n'avais pas d'attention pour autre chose. Je me donnais autant que je voyais. Dans ce don était ma joie... |
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Henri Michaux (1899 - 1984) |
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Portrait de Henri Michaux | |||||||||
BibliographieEn 1922, lors de son séjour à l'hôpital consécutif à ces problèmes cardiaques, il découvre Lautréamont, dont l'oeuvre lui donne la liberté et l'étincelle créative pour écrire ses propres poèmes. « Cas de folie circulaire », fut son premier poème publié en 1922 dans la revue littéraire Le Disque Vert, dirigée par Franz Hellens. Celui-ci, fervent amateur de Michaux, ira jusqu'à le nommer co-directeu Ouvres d'henri michauxHenri Michaux (Namur, 24 mai 1899 - Paris, 19 octobre 1984) est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955. Son ouvre est souvent rattachée au courant surréaliste, même s'il n'a pas fait partie du mouvement. BiographieNé le 24 mai 1899 à Namur, Henri Michaux arrive en 1924 à Paris où il côtoie les peintres surréalistes et se lie d'amitié avec Jules Supervielle et le peintre Zao Wou KI. Après avoir longuement voyagé de 1927 à 1937 en Asie et en Amérique du Sud, il se retire dans le Midi durant la guerre. Il est mort à Paris le 19 octobre 1984. Si la mescaline est en grande partie à l'origine de son ouvre pictura |
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