Henri Michaux |
J'entendis une voix en ces jours de malheur et j'entendis : « Je les réduirai ces hommes, « je les réduirai et déjà ils sont réduits quoi-« qu'ils n'en sachent encore rien. Je les rédui-« rai à si peu de chose qu'il n'y aura pas « moyen de distinguer qui est homme de qui « est femme, et déjà ils ne sont plus ce qu'ils « étaient autrefois, mais comme leurs organes « savent encore s'interpénétrer, ils se croient « toujours différents, l'un ceci, l'autre cela. « Mais si fort je les ferai souffrir qu'il n'y aura « plus organe qui compte. Je ne leur laisserai « que le squelette, un simple trait de leur sque-« lette pour y attacher leur malheur. Assez « couru! Qu'ont-ils encore besoin de jambes? « Petits, leurs déplacements, petits! Et ce sera « tant mieux. Comme une statue dans un « parc, quoi qu'il arrive, n'a plus qu'un geste, « ainsi les pétrifierai-je; mais plus petits, plus « petits. » Cette voix, je l'entendis et j'avais le frisson, mais pas tellement, car je l'admirais, pour sa sombre détermination et son projet vaste quoique apparemment insensé. Cette voix n'était qu'une voix dans cent autres, remplissant le haut et le bas de l'atmosphère et l'Est et l'Ouest, et toutes étaient agressives, mauvaises, haineuses, et promettaient à l'homme un funèbre avenir. Mais l'homme, affolé ici, là du plus grand sang-froid, avait des réflexes et des calculs au cas qu'il se présentât un coup dur, et il était prêt quoiqu'il eût paru en général plutôt vain et traqué. Celui qu'un caillou fait trébucher marchait déjà depuis deux cent mille ans quand j'entendis les voix de haine et de menaces, qui prétendaient lui faire peur. |
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Henri Michaux (1899 - 1984) |
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Portrait de Henri Michaux | |||||||||
BibliographieEn 1922, lors de son séjour à l'hôpital consécutif à ces problèmes cardiaques, il découvre Lautréamont, dont l'oeuvre lui donne la liberté et l'étincelle créative pour écrire ses propres poèmes. « Cas de folie circulaire », fut son premier poème publié en 1922 dans la revue littéraire Le Disque Vert, dirigée par Franz Hellens. Celui-ci, fervent amateur de Michaux, ira jusqu'à le nommer co-directeu Ouvres d'henri michauxHenri Michaux (Namur, 24 mai 1899 - Paris, 19 octobre 1984) est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955. Son ouvre est souvent rattachée au courant surréaliste, même s'il n'a pas fait partie du mouvement. BiographieNé le 24 mai 1899 à Namur, Henri Michaux arrive en 1924 à Paris où il côtoie les peintres surréalistes et se lie d'amitié avec Jules Supervielle et le peintre Zao Wou KI. Après avoir longuement voyagé de 1927 à 1937 en Asie et en Amérique du Sud, il se retire dans le Midi durant la guerre. Il est mort à Paris le 19 octobre 1984. Si la mescaline est en grande partie à l'origine de son ouvre pictura |
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