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Jules Laforgue



A madame de montespan - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue





L'apologue est un don qui vient des
Immortels;

Ou si c'est un présent des hommes,
Quiconque nous l'a fait mérite des autels :

Nous devons, tous tant que nous sommes,

Ériger en divinité
Le
Sage par qui fut ce bel art inventé.
C'est proprement un charme : il rend l'âme attentive,

Ou plutôt il la tient captive, '

Nous attachant à des récits
Qui mènent à son gré les cours et les esprits.
O vous qui l'imitez.
Olympe, si ma
Muse
A quelquefois pris place à la table des
Dieux,
Sur ses dons aujourd'hui daignez porter les yeux ;
Favorisez les jeux où mon esprit s'amuse.
Le temps, qui détruit tout, respectant votre appui.
Me laissera franchir les ans dans cet ouvrage :
Tout auteur qui voudra vivre encore après lui

Doit s'acquérir votre suffrage.
C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix :

Il n'est beauté dans nos écrits
Dont vous ne connoissiez jusques aux moindres traces.
Eh! qui connoît que vous les beautés et les grâces?
Paroles et regards, tout est charme dans vous.

Ma
Muse, en un sujet si doux,

Voudroit s'étendre davantage;
Mais il faut réserver à d'autres cet emploi;

Et d'un plus grand maître que moi

Votre louange est le partage.
Olympe, c'est assez qu'à mon dernier ouvrage
Votre nom serve un jour de rempart et d'abri;
Protégez désormais le livre favori
Par qui j'ose espérer une seconde vie;

Sous vos seuls auspices, ces vers

Seront jugés, malgré l'envie,

Dignes des yeux de l'univers.
Je ne mérite pas une faveur si grande;

La fable en son nom la demande :
Vous savez quel crédit ce mensonge a sur nous.
S'il procure à mes vers le bonheur de vous plaire,
Je croirai lui devoir un temple pour salaire :
Mais je ne veux bâtir des temples que pour vous.

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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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