Jules Laforgue |
On m'a dit la vie au Far-West et les Prairies, Et mon sang a gémi : « Que voilà ma patrie !... » Déclassé du vieux monde, être sans foi ni loi. Desperado ! là-bas, là-bas, je serais roi !... Oh ! là-bas, m'y scalper de mon cerveau d'Europe ! Piaffer, redevenir une vierge antilope, Sans littérature, un gars de proie, citoyen Du hasard et sifflant l'argot californien ! Un colon vague et pur, éleveur, architecte, Chasseur, pêcheur, joueur, au-dessus des Pandectes ! Entrre la mer, et les Etats Mormons ! Des venaisons Et du whisky ! vêtu de cuir, et le gazon Des Prairies pour lit, et des ciels des premiers âges Riches comme des corbeilles de mariage !... Et puis quoi ? De bivouac en bivouac, et la Loi De Lynch ; et aujourd'hui des diamants bruts aux doigts, Et ce soir nuit de jeu, et demain la refuite Par la Prairie et vers la folie des pépites !... Et, devenu vieux, la ferme au soleil levant. Une vache laitière et des petits-enfants... Et, comme je dessine au besoin, à l'entrée Je mettrais : « Tatoueur des bras de la contrée ! » Et voilà. Et puis, si mon grand cour de Paris Me revenait, chantant : « Oh ! pas encor guéri ! « Et ta postérité, pas pour longtemps coureuse !... » Et si ton vol. Condor des Montagnes-Rocheuses, Me montrait l'Infini ennemi du confort. Eh ! bien, j'inventerais un culte d'Age d'or. Un code social, empirique et mystique, Pour des Peuples Pasteurs modernes et védiques !... Oh ! qu'ils sont beaux les feux de paille ! qu'ils sont fous, Les albums ! et non incassables, mes joujoux !... |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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