Jules Laforgue |
Penser qu'on vivra jamais dans cet astre, Parfois me flanque un coup dans l'épigastre. Ah ! tout pour toi, Lune, quand tu t'avances Aux soirs d'août par les féeries du silence ! Et quand tu roules, démâtée, au large À travers les brisants noirs des nuages ! Oh ! monter, perdu, m'étancher à même Ta vasque de béatifiants baptêmes ! Astre atteint de cécité, fatal phare Des vols migrateurs des plaintifs Icares ! Oil steril comme le suicide, Nous sommes le congrès des las, préside ; Crâne glacé, raille les calvities De nos incurables bureaucraties ; Ô pilule des léthargies finales. Infuse-toi dans nos durs encéphales ! Ô Diane à la chlamyde très-dorique, L'Amour cuve, prend ton carquois et pique Ah ! d'un trait inoculant l'être aptère. Les cours de bonne volonté sur terre ! Astre lavé par d'inouïs déluges. Qu'un de tes chastes rayons fébrifuges, Ce soir, pour inonder mes draps, dévie. Que je m'y lave les mains de la vie ! |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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