Jules Laforgue |
Ah ! la belle pleine Lune, Grosse comme une fortune ! La retraite sonne au loin. Un passant, monsieur l'adjoint ; Un clavecin joue en face, Un chat traverse la place : La province qui s'endort ! Plaquant un dernier accord. Le piano clôt sa fenêtre. Quelle heure peut-il bien être ? Calme Lune, quel exil ! Faut-il dire : ainsi soit-il ? Lune, ô dilettante Lune, À tous les climats commune, Tu vis hier le Missouri, Et les remparts de Paris, Les fiords bleus de la Norvège, Les pôles, les mers, que sais-je ? Lune heureuse ! ainsi tu vois, À cette heure, le convoi De son voyage de noce ! Ils sont partis pour l'Ecosse. Quel panneau, si, cet hiver. Elle eût pris au mot mes vers ! Lune, vagabonde Lune, Faisons cause et mours communes ? O riches nuits ! je me meurs, La province dans le cour ! Et la lune a, bonne vieille. Du coton dans les oreilles. |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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