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Jules Laforgue



Complainte de l'orgue de barbarie - Poéme


Poéme / Poémes d'Jules Laforgue





Orgue, orgue de
Barbarie,
Don
Quichotte,
Souffre-Douleur,
Vidasse, vidasse ton cour,
Ma pauvre rosse endolorie.

Hein, étés idiots,
Octobres malades,
Printemps, purges fades.
Hivers tout vieillots ?

- «
Quel silence, dans la forêt d'automne.
Quand le soleil en son sang s'abandonne ! »

Gaz, haillons d'affiches,
Feu les casinos,
Cercueils des pianos,
Ah ! mortels postiches.

- «
Déjà la nuit, qu'on surveille à peine
Le frou-frou de sa titubante traîne. »

Romans pour les quais,
Photos élégiaques.
Escarpins, vieux claques,
D'un coup de balai !



- «
Oh ! j'ai peur, nous avons perdu la route ;
Paul, ce bois est mal famé ! chut, écoute... »

Végétal fidèle,
Eve aime toujours
LUI ! jamais pour
Nous, jamais pour elle.

- « Ô ballets corrosifs ! réel, le crime ?
La lune me pardonnait dans les cimes. »

Vêpres,
Ostensoirs,
Couchants !
Sulamites
De province aux rites
Exilants des soirs !

- «
Ils m'ont brûlée ; et depuis, vagabonde
Au fond des bois frais, j'implore le monde. »

Et les vents s'engueulent.
Tout le long des nuits !
Qu'est-c' que moi j'y puis.
Qu'est-ce donc qu'ils veulent ?

- «
Je vais guérir, voyez la cicatrice.
Oh ! je ne veux pas aller à l'hospice ! »

Des berceaux fienteux
Aux bières de même.
Bons couples sans gêne,
Tournez deux à deux.

Orgue, orgue de
Barbarie !
Scie autant que
Souffre-Douleur,
Vidasse, vidasse ton cour.
Ma pauvre rosse endolorie.

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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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