Jules Laforgue |
C'est l'existence des passants... Oh ! tant d'histoires personnelles !... Qu'amèrement intéressant De se navrer de leur kyrielle ! Ils s'en vont flairés d'obscurs chiens, Ou portent des paquets, ou flânent... Ah ! sont-ils assez quotidiens, Tueurs de temps et monomanes, Et Iorgneurs d'or comme de strass Aux quotidiennes devantures !... La vitrine allume son gaz, Toujours de nouvelles figures... Oh ! que tout m'est accidentel ! Oh ! j'ai-t-y l'âme perpétuelle !... Hélas, dans ces cas, rien de tel Que de pleurer une infidèle ... Mais qu'ai-je donc laissé là-bas ? Rien. Eh ! voilà mon grand reproche ! Ô culte d'un Dieu qui n'est pas, Quand feras-tu taire tes cloches !... Je vague depuis le matin, En proie à des loisirs coupables, Epiant quelque grand destin Dans l'oeil de mes douces semblables... Oh ! rien qu'un lâche point d'arrêt Dans mon destin qui se dévide !... Un amour pour moi tout exprès En un chez nous de chrysalide !... Un simple coeur, et des regards Purs de tout esprit de conquête, Je suis si exténué d'art ! Me répéter, oh ! mal de tête !... Va, et les gouttières de l'ennui ! Ça goutte, goutte sur ma nuque... Ça claque, claque à petit bruit.. Oh ! ça claquera jusque... jusque ?. |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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