Jules Laforgue |
Falot, falotte ! Sous l'aigre averse qui clapote. Un chien aboie aux feux-follets, Et puis se noie, taïaut, taïaut ! La Lune, voyant ces ballets. Rit à Pierrot ! Falot ! falot ! Falot ! falotte ! Un train perdu, dans la nuit, stoppe, Par les avalanches bloqué ; Il siffle au loin ! et les petiots Croient ouïr les méchants hoquets D'un grand crapaud ! Falot, falot ! Falot, falotte ! La danse du bateau-pilote, Sous l'oil d'or du phare, en péril Et sur les steamers, les galops Des vents filtrant leurs longs exils Par les hublots ! Falot, falot ! Falot, falotte ! La petite vieille qui trotte. Par les bois aux temps pluvieux. Cassée en deux sous le fagot Qui réchauffera de son mieux Son vieux fricot ! Falot, falot ! Falot, falotte ! Sous sa lanterne qui tremblote. Le fermier dans son potager S'en vient cueillir des escargots, Et c'est une étoile au berger Rêvant là-haut ! Falot, falot ! Falot, falotte ! Le lumignon au vent toussotte, Dans son cornet de gras papier ; Mais le passant en son pal'tôt, O mandarines des Janviers, File au galop ! Falot, falot ! Falot, falotte ! Un chiffonnier va sous sa hotte ; Un réverbère près d'un mur Où se cogne un vague soûlaud. Qui l'embrasse comme un pur, Avec des mots ! Falot, falot ! Falot, falotte ! Et c'est ma belle âme en ribotte. Qui se sirote et se fait mal. Et fait avec ses grands sanglots, Sur les beaux lacs de l'Idéal Des ronds dans l'eau ! Falot, falot ! |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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