wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Jules Laforgue



Démocrite et les abdéritains - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue





Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire!
Qu'il me semble profane, injuste, et téméraire,
Mettant de faux milieux entre la chose et lui,
Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui !
Le maître d'Êpicure en fit l'apprentissage.
Son pays le crut fou : petits esprits!
Mais quoi?

Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étoient les fous,
Démocrite, le sage.
L'erreur alla si loin qu'Abdère députa



Vers
Hippocrate et l'invita,

Par lettres et par ambassade,
A venir rétablir la raison du malade : a
Notre concitoyen, disoient-ils en pleurant,
Perd l'esprit : la lecture a gâté
Démocrite;
Nous l'estimerions plus s'il étoit ignorant. «
Aucun nombre, dit-il, les mondes ne limite :

«
Peut-être même ils sont remplis

«
De
Démocrites infinis. »
Non content de ce songe, il y joint les atonies.
Enfants d'un cerveau creux, invisibles fantômes;
Et, mesurant les deux sans bouger d'ici-bas,
Il connoît l'univers, et ne se connoît pas.
Un temps fut qu'il savoit accorder les débats :

Maintenant il parle à lui-même.
Venez, divin mortel; sa folie est extrême. »
Hippocrate n'eut pas trop de foi pour ces gens;
Cependant il partit.
Et voyez, je vous prie.

Quelles rencontres dans la vie
Le sort cause!
Hippocrate arriva dans le temps
Que celui qu'on disoit n'avoir raison ni sens

Cherchoit dans l'homme et dans la bête
Quel siège a la raison, soit le cour, soit la tête.
Sous un ombrage épais, assis près d'un ruisseau,

Les labyrinthes d'un cerveau
L'occupoient.
Il avoit à ses pieds maint volume,
Et ne vit presque pas son ami s'avancer,

Attaché selon sa coutume.
Leur compliment fut court, ainsi qu'on peut penser
Le sage est ménager du temps et des paroles.
Ayant donc mis à part les entretiens frivoles,
Et beaucoup raisonné sur l'homme et sur l'esprit.

Ils tombèrent sur la morale.

Il n'est pas besoin que j'étale

Tout ce que l'un et l'autre dit.

Le récit précédent suffit



Pour montrer que le peuple est juge récusable.
En quel sens est donc véritable
Ce que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de
Dieu?

Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

mobile-img