Jules Laforgue |
Ah ! ce soir, j'ai le cour mal, le cour à la Lune ! Ô Nappes du silence, étalez vos lagunes ; O toits, terrasses, bassins, colliers dénoués De perles, tombes, lys, chats en peine, louez La Lune, notre Maîtresse à tous, dans sa gloire : Elle est l'Hostie ! et le silence est son ciboire ! Ah ! qu'il fait bon, oh ! bel et bon, dans le halo De deuil de ce diamant de la plus belle eau ! O Lune, vous allez me trouvez romanesque. Mais voyons, oh ! seulement de temps en temps Ce serait fol à moi de me dire, entre nous, est-c' que Ton Christophe Colomb, ô Colombe, à genoux ? Allons, n'en parlons plus ; et déroulons l'office Des minuits, confits dans l'alcool de tes délices. Ralentendo vers nous, ô dolente Cité, Cellule en fibroïne aux organes ratés ! Rappelle-toi les centaures, les villes mortes, Palmyre, et les sphinx camards des Thèbe aux cent portes ; Et quelle Gomorrhe a sous ton lac de Léthé Ses catacombes vers la stérile Astarté ! Et combien l'homme, avec ses relatifs « Je t'aime », Est trop anthropomorphe au-delà de lui-même, En ne sait que vivotter comm' ça des bonjours Aux bonsoirs tout en s'arrangeant avec l'Amour. - Ah ! Je vous disais donc, et cent fois plutôt qu'une. Que j'avais le cour mal, le cour bien à la Lune. |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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