Jules Laforgue |
Damoiselle Belette, au corps long et flouet, Entra dans un grenier par un trou fort étroit : Elle sortoit de maladie. Là, vivant à discrétion, La galande fit chère lie, Mangea, rongea : Dieu sait la vie. Et le lard qui périt en cette occasion! La voilà, pour conclusion, Grasse, mafflue et rebondie. Au bout de la semaine, ayant dîné son soû, Elle entend quelque bruit, veut sortir par le trou, Ne peut plus repasser, et croit s'être méprise. Après avoir fait quelques tours, « C'est, dit-elle, l'endroit : me voilà bien surprise; J'ai passé par ici depuis cinq ou six jours. » Un Rat, qui la voyoit en peine, Lui dit : « Vous aviez lors la panse un peu moins pleine. Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir. Ce que je vous dis là, l'on le dit à bien d'autres; Mais ne confondons point, par trop appronfondir, Leurs affaires avec les vôtres. » |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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