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Jules Laforgue



La lune est stérile - Poéme


Poéme / Poémes d'Jules Laforgue





Lune,
Pape abortif à l'amiable,
Pape
Des
Mormons pour
Part, dans la jalouse
Paphos
Où l'État tient gratis les fils de la soupape
D'échappement des apoplectiques
Cosmos 1

C'est toi, léger manuel d'instincts, toi qui circules,
Glaçant, après les grandes averses, les oufs
Obtus de ces myriades d'animalcules
Dont les simouns mettraient nos muqueuses en feu!

Tu ne sais que la fleur des sanglantes chimies;
Et perces nos rideaux, nous offrant le lotus
Qui constipe les plus larges polygamies.
Tout net, de l'excrément logique des fotus.

Carguez-lui vos rideaux, citoyens de mours lâches;
C'est l'Extase qui paie comptant, donne son
Ut
Des deux sexes et veut pas même que l'on sache
S'il se peut qu'elle ait, hors de l'art pour l'art, un but.

On allèche de vie humaine, à pleines voiles,
Les
Tantales virtuels, peu intéressants
D'ailleurs, sauf leurs cordiaux, qui rêvent dans nos

moelles ;
Et c'est un produit net qu'encaissent nos bons sens.



Et puis, l'atteindrons-nous, l'Oasis aux citernes,
Où nos cours toucheraient les payes qu'On leur doit?
Non, c'est la rosse aveugle aux cercles sempiternes
Qui tourne pour autrui les bons chevaux de bois.

Ne vous distrayez pas, avec vos grosses douanes;
Clefs de fa, clefs de sol, huit stades de claviers,
Laissez faire, laissez passer la caravane
Qui porte à l'Idéal ses plus riches dossiers !

L'Art est tout, du droit divin de l'Inconscience;
Après lui, le déluge! et son moindre regard
Est le cercle infini dont la circonférence
Est partout, et le centre immoral nulle part.

Pour moi, déboulonné du pôle de stylite
Qui me sied, dès qu'un corps a trop de son secret,
J'affiche : celles qui voient tout, je les invite À venir, à mon bras, des soirs, prendre le frais.

Or voici : nos deux
Cris, abaissant leurs visières,
Passent mutuellement, après quiproquos,
Aux chers peignes du cru leurs moelles épinières
D'où lèvent débusqués tous les archets locaux.

Et les ciels familiers liserés de folie

Neigeant en charpie éblouissante, faut voir

Comme le moindre appel : c'est pour nous seuls ! rallie

Les louables efforts menés à l'abattoir!

Et la santé en deuil ronronne ses vertiges,

Et chante, pour la forme : «
Hélas! ce n'est pas bien,

«
Par ces pays, pays si tournoyants, vous dis-je,

«
Où la faim d'Infini justifie les moyens. »



Lors, qu'ils sont beaux les flancs tirant leur révérence

Au sanglant capitaliste berné des nuits,

En s'affalant cuver ces jeux sans conséquence!

Oh
I n'avoir à songer qu'à ses propres ennuis 1

-
Bons aïeux qui geigniez semaine par semaine,
Vers mon
Cour, baobab des védiques terroirs,
Je m'agite aussi! mais l'Inconscient me mène;
Or, il sait ce qu'il fait, je n'ai rien à y voir.

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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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