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Jules Laforgue



Le berger et son troupeau - Fable


Fable / Poémes d'Jules Laforgue






Quoi ? toujours il me manquera

Quelqu'un de ce peuple imbécile!

Toujours le
Loup m'en gobera!
J'aurai beau les compter! ils étoient plus de mille,
Et m'ont laissé ravir notre pauvre
Robin;

Robin mouton, qui par la ville .
Me suivoit pour un peu de pain,
Et qui m'auroit suivi jusques au bout du monde.
Hélas! de ma musette il entendoit le son;
Il me sentoit venir de cent pas à la ronde.

Ah! le pauvre
Robin mouton! »
Quand
Guillot eut fini cette oraison funèbre,
Et rendu de
Robin la mémoire célèbre,

Il harangua tout le troupeau.
Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau

Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffiroit pour écarter les
Loups.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous

De ne bouger non plus qu'un terme. «
Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton

Qui nous a pris
Robin mouton. »

Chacun en répond sur sa tête.

Guillot les crut, et leur fit fête.

Cependant, devant qu'il fût nuit.

Il arriva nouvel encombre :
Un
Loup parut; tout le troupeau s'enfuit.
Ce n'étoit pas un
Loup, ce n'en étoit que l'ombre.

Haranguez de méchants soldats :
Ils promettront de faire rage;



Mais, au moindre danger, adieu tout leur courage;
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.

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Jules Laforgue
(1860 - 1887)
 
  Jules Laforgue - Portrait  
 
Portrait de Jules Laforgue

Biographie jules laforgue

«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè

Orientation bibliographique / Ouvres

L'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit

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