Jules Laforgue |
Un envoyé du Grand Seigneur Préféroit, dit l'histoire, un jour chez l'Empereur, Les forces de son maître à celles de l'Empire. Un Allemand se mit à dire : « Notre prince a des dépendants Qui, de leur chef, sont si puissants Que chacun d'eux pourroit soudoyer une armée. » Le chiaoux, homme de sens, Lui dit : « Je sais par renommée Ce que chaque Électeur peut de monde fournir; Et cela me fait souvenir D'une aventure étrange, et qui pourtant est vraie. J'étois en un lieu sûr, lorsque je vis passer Les cent têtes d'une Hydre au travers d'une haie. Mon sang commence à se glacer; Et je crois qu'à moins on s'effraie. Je n'en eus toutefois que la peur sans le mal : Jamais le corps de l'animal Ne put venir vers moi, ni trouver d'ouverture. Je revois à cette aventure, Quand un autre Dragon, qui n'avoit qu'un seul chef, Et bien plus d'une queue, à passer se présente. Me voilà saisi derechef D'étonnement et d'épouvante. Ce chef passe, et le corps, et chaque queue aussi Rien ne les empêcha; l'un fit chemin à l'autre. Je soutiens qu'il en est ainsi De votre empereur et du nôtre. » |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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