Jules Laforgue |
Aux traces de son sang, un vieux hôte des bois, Renard fin, subtil et matois. Blessé par des chasseurs, et tombé dans la fange, Autrefois attira ce parasite ailé Que nous avons mouche appelé. Il accusoit les Dieux, et trouvoit fort étrange Que le Sort à tel point le voulût affliger, Et le fît aux Mouches manger. « Quoi! se jeter sur moi, sur moi le plus habile De tous les hôtes des forêts! Depuis quand les renards sont-ils un si bon mets? Et que me sert ma queue? est-ce un poids inutile? Va, le Ciel te confonde, animal importun! Que ne vis-tu sur le commun? » Un Hérisson du voisinage. Dans mes vers nouveau personnage. Voulut le délivrer de l'importunité Du peuple plein d'avidité. « Je les vais de mes dards enfiler par centaines, Voisin Renard, dit-il, et terminer tes peines. - Garde-t'en bien, dit l'autre; ami, ne le fais pas : Laisse-les, je te prie, achever leur repas. Ces animaux sont soûls; une troupe nouvelle Viendroit fondre sur moi, plus âpre et plus cruelle. » Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas : Ceux-ci sont courtisans, ceux-là sont magistrats. Aristote appliquoit cet apologue aux hommes. Les exemples en sont communs. Surtout au pays où nous sommes. Plus telles gens sont pleins, moins ils sont importuns. |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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