Jules Laforgue |
Laridon et César, frères dont l'origine Venoit de chiens fameux, beaux, bien faits, et hardis, A deux maîtres divers échus au temps jadis, Hantoient, l'un les forêts, et l'autre la cuisine. Ils avoient eu d'abord chacun un autre nom; Mais la diverse nourriture Fortifiant en l'un cette heureuse nature, En l'autre l'altérant, un certain marmiton Nomma celui-ci Laridon. Son frère, ayant couru mainte haute aventure. Mis maint cerf aux abois, maint sanglier abattu, Fut le premier César que la gent chienne ait eu. On eut soin d'empêcher qu'une indigne maîtresse Ne fît en ses enfants dégénérer son sang. Laridon négligé témoignoit sa tendresse A l'objet le premier passant. II peupla tout de son engeance : Tournebroches par lui rendus communs en France Y font un corps à part, gens fuyants les hasards, Peuple antipode des Césars. On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père : Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère : Faute de cultiver la nature et ses dons, Oh! combien de Césars deviendront Laridons! |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jules Laforgue (1860 - 1887) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
|||||||||