Jules Laforgue |
Après mille ans et plus de guerre déclarée, Les Loups firent la paix avecque les Brebis. C'étoit apparemment le bien des deux parus; Car si les Loups mangeoient mainte bête égarée, Les Bergers de leur peau se faisoient -maints habits. Jamais de liberté, ni pour les pâturages, Ni d'autre part pour les carnages : Ils ne pouvoient jouir qu'en tremblant de leurs biens. La paix se conclut donc : on donne des otages; Les Loups, leurs Louveteaux; et les Brebis, leurs Chiens. L'échange en étant fait aux formes ordinaires Et réglé par des commissaires. Au bout de quelque temps que messieurs les Louvats Se virent loups parfaits et friands de tuerie. Ils vous prennent le temps que dans la bergerie Messieurs les Bergers n'étoient pas, Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras, Les emportent aux dents, dans les bois se retirent. Ils avoient averti leurs gens secrètement. Les Chiens, qui, sur leur foi, reposoient sûrement, Furent étranglés en dormant : Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent. Tout fut mis en morceaux; un seul n'en échappa. Nous pouvons conclure de là Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle. La paix est fort bonne de soi; . J'en conviens; mais de quoi sert-elle Avec des ennemis sans foi? |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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