Jules Laforgue |
Certain Païen chez lui gardoii un Dieu de bois, De ces dieux qui sont sourds, bien qu'ayants des oreilles : Le Païen cependant s'en promettoit merveilles. Il lui coûtoit autant que trois : Ce n'étoient que voux et qu'offrandes, Sacrifices de bceufs couronnés de guirlandes. Jamais idole, quel qu'il fût, N'avoit eu cuisine si grasse, Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût Succession, trésor, gain au jeu, nulle grâce. Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit S'amassoit d'une ou d'autre sorte, L'Homme en avoit sa part; et sa bourse en souffroit : La pitance du Dieu n'en étoit pas moins forte. A la fin, se fâchant de n'en obtenir rien. Il vous prend un levier, met en pièces l'Idole, Le trouve rempli d'or. « Quand je t'ai fait du bien. M'as-tu valu, dit-il, seulement une obole? Va, sors de mon logis, cherche d'autres autels Tu ressembles aux naturels Malheureux, grossiers et stupides : On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton. Plus je te remplissois, plus mes mains étoient vides : J'ai bien fait de changer de ton. » |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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