Jules Laforgue |
C'est l'île; Éden entouré d'eau de tous côtés!.... Je viens de galoper avec mon Astarté À l'aube des mers; on fait sécher nos cavales. Des veuves de Titans délacent nos sandales, Éventent nos tresses rousses, et je reprends Mon Sceptre tout écaillé d'émaux effarants ! On est gai, ce matin. Depuis une semaine Ces lents brouillards plongeaient mes sujets dans la Tout soupirants après un beau jour de soleil peine, Pour qu'on prît la photographie de Mon Orteil..... Ah! non, c'est pas cela, mon île, ma douce île.... Je ne suis pas encore un Néron si sénile.... Mon île pâle est au Pôle, mais au dernier Des Pôles, inconnu des plus fols baleiniers! Les Icebergs entrechoqués s'avançant pâles Dans les brumes ainsi que d'albes cathédrales M'ont cerné sur un bloc; et c'est là que, très-seul, Je fleuris, doux lys de la zone des linceuls, Avec ma mie! Ma mie a deux yeux diaphanes Et viveurs ! et, avec cela, l'arc de Diane N'est pas plus fier et plus hautement en arrêt C'est l'île; Éden entouré d'eau de tous côtés!.... Je viens de galoper avec mon Astarté À l'aube des mers; on fait sécher nos cavales. Des veuves de Titans délacent nos sandales, Éventent nos tresses rousses, et je reprends Mon Sceptre tout écaillé d'émaux effarants ! On est gai, ce matin. Depuis une semaine Ces lents brouillards plongeaient mes sujets dans la Tout soupirants après un beau jour de soleil peine, Pour qu'on prît la photographie de Mon Orteil..... Ah! non, c'est pas cela, mon île, ma douce île.... Je ne suis pas encore un Néron si sénile.... Mon île pâle est au Pôle, mais au dernier Des Pôles, inconnu des plus fols baleiniers! Les Icebergs entrechoqués s'avançant pâles Dans les brumes ainsi que d'albes cathédrales M'ont cerné sur un bloc; et c'est là que, très-seul, Je fleuris, doux lys de la zone des linceuls, Avec ma mie! Ma mie a deux yeux diaphanes Et viveurs ! et, avec cela, l'arc de Diane N'est pas plus fier et plus hautement en arrêt |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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