Jules Laforgue |
Écoutez, mes enfants I - « Ah! mourir, mais me tordre « Dans l'orbe d'un exécutant de premier ordre ! » Rêve la Terre, sous la vessie de saindoux De la Lune laissant fuir un air par trop doux, Vers les Zéniths de brasiers de la Voie Lactée (Autrement beaux ce soir que des Lois constatées).... Juillet a dégainé! Touristes des beaux yeux, Quels jubés de bonheur échafaudent ces deux, Semis de pollens d'étoiles, manne divine Qu'éparpille le Bon Pasteur à ses gallines!.... Et puis, le vent s'est tant surmené l'autre nuit! Et demain est si loin! et ça souffre aujourd'hui! Ah! pourrir!... - Vois, la Lune-méme (cette amie) Salive et larmoie en purulente ophtalmie..... Et voici que des bleus sous-bois ont miaulé Les mille nymphes! et (qu'est-ce que vous voulez) Aussitôt mille touristes des yeux las rôdent, Tremblants, mais le cour harnaché d'âpres méthodes l Et l'on va. Et les uns connaissent des sentiers Qu'embaument de trois mois les fleurs d'abricotiers; Et les autres, des parcs où la petite flûte De l'oiseau bleu promet de si frêles rechutes (Oh! ces lunaires oiseaux bleus dont la chanson Lunaire, après dégel, vous donne le frisson!) Et d'autres, les terrasses pâles où le triste Cor des paons réveillés fait que Plus Rien n'existe ! Et d'autres, les joncs des mares où le sanglot Des rainettes vous tire maint sens mal éclos; Et d'autres, les prés brûlés où l'on rampe; et d'autres, La Boue où, semble-t-il, Tout! avec nous se vautre!.... Les capitales échauffantes, même au frais Des Grands Hôtels tendus de pâles cuirs gaufrés, Faussent. - Ah ! mais ailleurs, aux grandes routes, Au coin d'un bois mal famé, rien n'est aux écoutes.... Et celles dont le cour gante six et demi, Et celles dont l'âme est gris-perle, en bons amis, Et d'un port panaché d'édénique opulence, Vous brûlent leurs vaisseaux mondains vers des Enfances!..... « Oh ! t'enchanter un peu la muqueuse du cour! » « Ah! Vas-y, je n'ai plus rien à perdre à cett' heur', « La Terre est en plein air et ma vie est gâchée, « Ne songe qu'à la Nuit, je ne suis point fâchée. » Et la vie et la Nuit font patte de velours.... Se dépècent d'abord de grands quartiers d'amour.... Et lors, les chars de foin, pleins de bluets, dévalent Par les vallons des moissons équinoxiales..... O lointains balafrés de bleuâtres éclairs De chaleur! puis ils regrimperont, tous leurs nerfs Tressés, vers l'hostie de la Lune syrupeuse.... - Hélas! tout ça, c'est des histoires de muqueuses..... - Détraqué, dites-vous? Ah! par rapport à Quoi? - D'accord; mais le Spleen vient, qui dit que l'on Hors des fidélités noblement circonscrites. déchoit - Mais le Divin chez nous confond si bien les rites ! - Soit; mais le Spleen dit vrai : ô surplis des Pudeurs, C'est bien dans vos plis blancs tels quels qu'est le Bonheur! - Mais, au nom de Tout! on ne peut pas! La Nature Nous rue à dénouer dès Janvier leur ceinture! - Bon! si le Spleen t'en dit, saccage universel! Nos êtres vont par sexe, et sont trop usuels, Saccagez ! - Ah ! saignons, tandis qu'elles déballent Leurs serres de Beauté pétale par pétale! Les vignes de nos nerfs bourdonnent d'alcools noirs, ô Sours, ensanglantons la Terre, ce pressoir Sans Planteur de Justice! - Ah? tu m'aimes, je t'aime! Que la Mort ne nous ait qu'ivREs-MORTS de nous-mêmes! (Le Serpent de l'Amour Cuve Dieu dans les linges; Ah! du moins nos méninges Sont à court.) |
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Jules Laforgue (1860 - 1887) |
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Portrait de Jules Laforgue | |||||||||
Biographie jules laforgue«Pendant une période de vie très modeste dans sa famille, vie devenue dure avec les soucis d'argent, Jules Laforgue, né à Montevideo, en 1860, sentit s'éveiller son esprit aux chefs-d'ouvres des Musées de Paris et aux longues lectures dans le jardin du Luxembourg; il aima d'abord Taine, Renan, Huysmans, puis alla vers Bourget, dont l'analyse inquiète et naïve l'attirait. Son ambition de la vingtiè Orientation bibliographique / OuvresL'art de Laforgue occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial (comme dans La Chanson du petit hypertrophique) qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque Laforgue évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbit |
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