Lorand Gaspar |
Nos rivières ont pris feu ! Un oiseau parfois lisse la lumière -* ici il fait tard Nous irons par l'autre bout des choses explorer la face claire de la nuit - je connais des matins fous d'étendue de désert et de mer - mouvoir qui refond les visages remploie ses traces. Monastère de vie de flamme pulmonaire dans l'épaisseur fumante de midi - nous enseignons aux algues, aux poissons la couleur de l'air et l'histoire de l'homme pour les faire rire au soir dans l'encre opaque des poulpes effrayés ce matin qui vient se poser .si frais dans tes yeux tout pleins encore de fragiles porcelaines le jour poreux son long baiser de laine tout ce corps resté pour nuit quelque part La lumière joue dans des corps étroits d'oiseaux de brefs mouvements d'air où les sons se plissent et découvrent la peau les yeux des femmes des hommes lourds de trépas, de sommeil, la nuit voûtée dans le dos regardent ces mailles sur l'eau qu'un rien déchire et là-bas sans doute des vitres en feu - blanches parois d'oiseaux reposés fossiles au hasard dans les couches du jour eaux peintes de nos passages les fonds tremblent encore - balancements d'ailes gouffres rapides sous la peau on se penche sur des plages fumantes les joues brûlées nappes tendres d'acier gris nos mains émondées sur les pentes de cette lumière - et nos doigts rient de roues immenses légères dans la maison plus intérieure de la vie où quelqu'un vient acier silence replis. Les sons bullent dans les dalles de lumière. Tu t'es fait nuit blanche dans le blanc qui perce le tulle de nos bruits. Surfaces distances dévotions les jours s'effritent dans l'arène et le regard et la danse - Je t'ai bâti de crissements et de cris exhumé puis lentement de nouveau enseveli. Lenteur aveuglante du minéral à la mer de longs voyages troués dans le temps se retrouver dans une plante, un cilié la fraîcheur de ses nuits toutes portes où l'on se trouve et s'abandonne. Comme les regards étonnés d'être morts comme s'arrachent les oiseaux ivres leurs plumes nos gestes étaient trop clairs pour ne pas surprendre leur pesant d'ombre. Si loin que le sourire ne sait les paupières. Tiré des cris longs d'oiseaux en vol la lettre fluide des choses sans mémoire le jour brûlé il arrive qu'on oublie les paroles. Là-bas au bout du monde là-bas les soleils la bouche enflée de nuits là-bas les horizons la soie sauvage du désir monde grave où rien n'est insulté ni laid le couteau tombe le jour marche sur les plafonds dans ses entrailles cuivrées. Le port est repeint de noir il y a deux ou trois bateaux très blancs où manque la nuit - fenêtres où rêvent des îles enfouies dans les yeux. O tant de nuit mangée à blanc nous avions aussi un destin de fenêtre où quelqu'un a crié de joie - le silence le port au soir deux ou trois bateaux très blancs où manque la nuit - je voulais qu'on m'aime - mendiant exact aux fêtes de lumière usé de gris et de blasphèmes. Il me reste de cette chair les arêtes de tant d'élancements - maintenant le jour les yeux nus et quelqu'un a repeint mon plafond de choses et déjà je n'y vois plus - il pleut dans le soleil les arbres et les maisons sont plus graves par la terre plus lourde je sais où tu es quand se vident les yeux et l'on voit l'espace à travers. |
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Lorand Gaspar (1925 - ?) |
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Portrait de Lorand Gaspar | |||||||||
Principaux ouvrages publiÉsNé en confluent de plusieurs cultures, dans une famille hongroise de Transylvanie orientale, Lorand Gaspar est d'abord admis en 1943 à l'école polytechnique de Bucarest lorsqu'il est mobilisé, puis déporté dans un camp de travail. Il s'en évade en 1945 et se réfugie en France où il poursuit des études de médecine. Devenu chirurgien des hôpitaux français, il exerce durant seize ans à Jérusalem et à Biographie |
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