Lorand Gaspar |
Mort où tant de vie s'égare de nos faibles yeux abandonnée. Torrent tu nous étonnes étincelant et boueux de bouche en bouche le doux et l'amer cailloux et bois achevés repris. Ces photos floues que le temps a bougées. La lumière se cherche sur nos mains et soudain tout est plume neige neige - Le même vent traîné dans le feu la même nuit avec la même texture de branches d'un bonheur inavoué. La même croissance dans les gestes et reffeuillement des mains sur la peau trouées soudaines dans les formes quand l'espace nous entend - Nous avons vécu tout juste le temps de ce poids de tout ce qui sans plainte se déchire ta vue hier soir et ces tout petits ports des yeux les paupières repeintes. Depuis des ans nous n'avons plus commerce qu'avec les pierres. Nos pas s'allument aux craies aveugles gisement étroit entre deux points d'eau. Ma vie brûlée de tant de lumières parfois d'une immense tendresse j'oublie que tout est sourd et me lève comme une mélodie. Je t'écoute son qui creuse les matins les corps très minces dansent sur les couteaux découpés dans la trame d'une résurrection - Nos vies mûries au plus chaud de nos membres toutes nos demeures en marche désormais l'épaisseur obtuse de nos murs de grève en grève et de mer en mer poreuse et frêle dans la main et partout ces écailles où le jour frissonne et se décompose. Je dis maintenant que tout est lisse et consterné je dis par les monts chauves de la mémoire dans les plis d'un grand rideau d'écumes quand s'ouvrent les fenêtres de mer que s'ajuste le ciel face à l'ombre et lisibles les rames du passant - Jusqu'où m'étendrai-je à te veiller ? Tu m'apprends à marcher quand la route se tait N'oublie pas ce blanc du bois des fenêtres le soir. La nuit circule le long de ses vastes réseaux ces pupilles se dilatent à vitesse constante et ne craquent jamais - tu n'arriveras jamais au fond de cette nuit détail tremblant obstiné fiévreux je lis ta rigueur dans l'ombre des fonds tout est si lisse si net si reposé aucun désordre ni colère dans la neige pure des lois les bêtes à griffes et à dents luttent en silence entre peau et lumière - toute cette grandeur d'air s'engouffre dans les gestes tout ce qui n'est pas encore vient si près dans la paille de tant d'univers éteints - je connais tes pas qui s'usent dans mes veines je connais ton pas comme les mots que je fais comme ce qui troue mon silence et se défait Tu verses des nuits dans mes membres et me laisses quand le jour se heurte à mes lampes te refaire de rien. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Lorand Gaspar (1925 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Lorand Gaspar | |||||||||
Principaux ouvrages publiÉsNé en confluent de plusieurs cultures, dans une famille hongroise de Transylvanie orientale, Lorand Gaspar est d'abord admis en 1943 à l'école polytechnique de Bucarest lorsqu'il est mobilisé, puis déporté dans un camp de travail. Il s'en évade en 1945 et se réfugie en France où il poursuit des études de médecine. Devenu chirurgien des hôpitaux français, il exerce durant seize ans à Jérusalem et à Biographie |
|||||||||